Ils vivent pour tuer. Les mercenaires de Wagner gagnent leur vie en ôtant celle des autres et la guerre en Ukraine a montré qu'ils maîtrisaient tristement bien leur métier. Sur le front, ce sont les combattants du groupe Wagner qui ont été à l'origine des victoires décisives des forces armées russes. Des succès glanés— notamment— car les soldats d'Evgueni Prigojine, récemment abattu à bord d'un avion dans le ciel russe, ont agi de manière particulièrement brutale et sans scrupules.
Maintenant qu'ils ne sont plus mobilisés au cœur même de la guerre, beaucoup de ces hommes vont mal. Selon les médias russes, de nombreux ex-mercenaires Wagner sont devenus des criminels à leur retour de la guerre. Et la plupart se languissent de retourner au front.
«Si le groupe Wagner donne l'ordre de retourner en Ukraine, j'y ramperai sur les coudes», déclare un de ses combattants au portail d'investigation «Bumaga». Ce combattant se trouvait dans le Donbass depuis 2017 et avait été nommé lieutenant-colonel par le Kremlin. En 2022, il avait tourné le dos à l'armée régulière russe pour intégrer le groupe Wagner en tant que «simple mercenaire». Même s'il y avait perdu ses deux jambes, l'homme affirme que ne plus pouvoir se battre est pire encore pour lui.
«Tout le monde me dit de chercher du travail»
Un autre combattant de 36 ans qui témoigne dans les colonnes de «Bumaga» avait été condamné pour le meurtre de sa femme, avant d'être gracié par le patron de Wagner, Evgueni Prigojine. «Si tu ne vas pas chez Wagner, tu vas pourrir ici», aurait dit Prigojine au détenu. Un témoignage crédible, dès lors que l'on sait que le patron de Wagner a recruté de nombreux détenus pour la guerre en échange de leur liberté. Le mercenaire avait reçu la médaille du courage, avant de sombrer dans l'alcoolisme depuis le mois de mars, à son retour de la zone de guerre.
«Tout le monde me dit de chercher du travail et de commencer une vie paisible, mais ce n'est pas si simple», raconte le mercenaire. Et d'ajouter: «Je laisserais tout tomber maintenant pour retourner à Bakhmout.» Mais pas sous les ordres du ministère russe de la Défense. Car l'armée russe serait dans un triste état, selon lui. «Les conscrits sont des enfants sans aucune expérience du combat. Leurs bras tremblent dès qu'ils tiennent une mitraillette à la main», regrette-t-il. Raison pour laquelle il dit ne pas vouloir se joindre à ce qui s'apparente à une mission suicide.
Rupture entre le Kremlin et le patron de Wagner
«Celui qui rejoint le ministère de la Défense est un traître», martèle le mercenaire. Un avis largement partagé. Pour la plupart des combattants, la chose semble entendue: seul un retour au front en tant que soldats de Wagner est envisageable. Il faut dire que le conflit entre les mercenaires et le ministre russe de la Défense est loin d'être enterré.
Rappelons que les désaccords entre Prigojine et le ministère de la Défense dirigé par Sergei Schoigu ont entraîné une rupture entre le groupe paramilitaire et le Kremlin. Deux mois plus tard, Prigojine perdait la vie dans un mystérieux accident d'avion et beaucoup sont fermement convaincus qu'il s'agissait d'une exécution.
Le sort du groupe Wagner semble désormais incertain. Comme l'a découvert le portail d'opposition «Waschnije Istorije», de nombreux mercenaires sont actuellement en congé. «Attendez ou cherchez une nouvelle méthode pour gagner de l'argent», répète inlassablement le représentant actuel du bureau de Prigojine à Saint-Pétersbourg.
Pendant ce temps, Sergei Choigu tente de prendre les anciens mercenaires sous son aile. Une mission aussi difficile que la guerre qu'il mène à son voisin.