1150 kilomètres carrés et 82 communes de la région de Koursk sont désormais sous contrôle ukrainien, selon le chef de l'armée ukrainienne Oleksandr Syrsky – presque autant de terres que celles conquises par les forces russes en Ukraine depuis le début de l'année.
Plus de 120'000 personnes ont été évacuées des zones frontalières russes. Avec cette offensive, Kiev n'a pas seulement surpris ses alliés occidentaux, mais aussi les élites du Kremlin. Le média indépendant russophone «Verstka» a livré des documents venant de la haute politique russe. Que pense-t-elle de la situation à Koursk? Une chose est sûre: l'ambiance est loin d'être bonne.
Poutine écarte le gouverneur de Koursk
Une source du bureau du maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a déclaré aux journalistes que la panique régnait parmi ses collègues. Il compare la situation actuelle au début de la guerre en février 2022. «L'affaire ne devait pas durer longtemps – mais elle s'est avéré être un conflit à long terme», a déclaré le fonctionnaire. L'espoir selon lequel les forces russes pourraient repousser l'attaque de Koursk en deux ou trois jours, ou au maximum en une semaine, s'est avérée être un leurre. L'invasion est entrée dans sa deuxième semaine.
Selon un sénateur russe proche de la commission de la défense du Conseil de la Fédération, la version officiellement diffusée par le président russe Vladimir Poutine et son ministère de la Défense diffère de ce que les blogueurs militaires russes rapportent sur les combats. «Le ministère de la Défense dit une chose et nous la transmettons publiquement, mais pendant ce temps, nous lisons tous les correspondants de guerre qui attaquent violemment le chef d'état-major Valeri Guerassimov», a déclaré le dirigeant politique.
Le gouverneur de Koursk, Alexeï Smirnov, a été rabroué lundi par Vladimir Poutine en direct à la télévision d'Etat russe lorsqu'il a commencé à parler de l'ampleur de l'invasion ukrainienne. L'ambiance au sein des autorités du Kremlin est «très préoccupante». Cela s'explique notamment par le fait que Koursk n'est qu'à quelques heures de route de Moscou. «Les combats se déroulent à proximité», indique une source parlementaire citée par «Verstka».
Enfin, les élites du Kremlin craignent que des têtes tombent pour avoir échoué à défendre leur propre territoire. Ceux qui ont permis l'invasion pourraient être sanctionnés par des procédures pénales, comme cela a déjà été le cas dans les affaires de corruption au sein du ministère russe de la Défense.
Les Russes sont attirés au front par l'argent
La première victime est déjà tombée: mardi, les médias russes ont rapporté qu'Alexandre Chmatkov, le directeur par intérim de l'administration régionale de Koursk, avait démissionné de son poste.
Il n'y a qu'une seule chose qui suscite un optimisme prudent à Moscou: les bureaux de recrutement auraient enregistré une augmentation du nombre de personnes s'étant inscrites au service militaire. Selon le sénateur, cette augmentation est due au désir des Russes de défendre leur patrie. Le boom des inscriptions serait plutôt dû à la prime d'inscription de 1,9 million de roubles (environ 19'000 francs), élevée pour la Russie.