Ses chances sont grandes
Ce que l'élection de Donald Trump en 2024 signifierait pour la Suisse

L'ex-président devance nettement Joe Biden dans les sondages. Sa réélection est plus que probable à onze mois du scrutin. Ce dernier serait plein de conséquences – non seulement pour les Etats-Unis, mais aussi pour la Suisse.
Publié: 07.12.2023 à 09:22 heures
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Dernière mise à jour: 07.12.2023 à 10:11 heures
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Donald Trump devance nettement tous ses concurrents républicains dans la moyenne de tous les sondages.
Photo: keystone-sda.ch
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Samuel Schumacher

On ne peut pas se fier au pouvoir de la justice américaine. Malgré son procès civil pour fraudes financières, Donald Trump se lancera dans la course à la Maison Blanche dans onze mois en tant que candidat républicain. 

Et si l'on se fie à la moyenne de tous les sondages, ses chances de l'emporter face à Joe Biden n'ont jamais été aussi grandes. L'ombre d'un Trump 2.0 plane donc bel est bien sur les États-Unis. À l'heure actuelle, son retour à la Maison Blanche est même le scénario le plus probable.

Robert Kagan, analyste au «Washington Post», met déjà en garde contre une «dictature» et compare le retour de Trump à l'impact d'une météorite sur l'Amérique. Une métaphore qui n'en demeure pas moins une réalité. Sans aller jusqu'à dramatiser inutilement, on ne peut plus fermer les yeux. La réélection de Donald Trump constituerait une menace fondamentale à trois niveaux, notamment pour la Suisse.

1) La mort imminente de l'OTAN

En 2018, Trump a menacé l'Amérique de quitter l'alliance transatlantique. Une sorte d'expérience de mort imminente pour l'OTAN. Peu après, Trump aurait glissé une affirmation sans équivoque à son conseiller à la sécurité John Bolton: «Je me fous de l'Otan.»

L'ex-président n'est pas un ami de l'alliance militaire. Sans conseillers à ses côtés, il pourrait mettre sa menace à exécution. Même s'il ne pouvait pas faire sortir l'Amérique de l'OTAN aussi facilement sur le plan juridique, le danger serait réel. Un simple «Nous ne viendrons pas à votre secours» à l'adresse des États baltes ou de la Pologne reviendrait à inviter Vladimir Poutine à poursuivre sa prédation territoriale.

Sans parler du sort de l'Ukraine qui, avec la fin de l'engagement militaire des États-Unis en Europe, aurait perdu la guerre d'un seul coup et devrait se plier au régime de terreur de Poutine. L'Europe, divisée en elle-même, n'est pas prête à naviguer dans l'avenir géopolitique sans la protection de l'Amérique.

2) Une gifle pour les femmes

Melania Trump ne semblait déjà pas très heureuse pendant le premier mandat de son mari. La réélection de Trump a signifié quatre années supplémentaires de sourires forcés pour cette Slovène d'origine. Mais l'ex-Première dame ne serait pas la seule femme à en souffrir.

Trump 2.0 serait une claque pour le mouvement féministe mondial, constate l'auteure américaine Sophie Gilbert. Il n'y a pas que les 25 femmes qui l'accusent de diverses agressions allant du harcèlement au viol, ni les diatribes contre les femmes qu'il n'aime pas. Il y a aussi et surtout le revirement qu'il a rendu possible dans la politique d'avortement américaine. C'est uniquement grâce aux juges conservateurs de la Cour suprême nommés par Trump que l'avortement est désormais interdit dans un tiers des États américains.

Trump est un fan des courbes généreuses, mais pas des débats modernes sur l'égalité. Le politicien renforcerait les cercles qui tiennent à une image de la «femme objet» datant de l'âge de pierre. Des conditions peu saines pour les millions de jeunes citoyennes et jeunes filles américaines qui espèrent un autre gouvernement.

3) Switzerland last

Trump connaît la Suisse et l'apprécie. En 2020, il s'était rendu au Forum économique mondial de Davos. Mais cette visite ne doit pas mettre le voile sur sa stratégie radicale «America first», qui nuirait massivement à l'économie suisse.

Ses conseillers brandissent actuellement l'idée d'une taxe d'importation de 10% sur tous les produits importés. Depuis 2021, les Etats-Unis sont le principal débouché des exportations suisses. La Suisse fournit les Américains à hauteur de 47 milliards de francs par an. Cela prendrait fin si Trump imposait son isolationnisme. Une «mauvaise nouvelle» pour tous les grands groupes et PME suisses qui espèrent des relations commerciales durables.

Mais Trump pourrait aussi donner du fil à retordre à la Suisse sur le terrain diplomatique. Depuis 1980, la Suisse représente les intérêts des États-Unis en Iran, ces deux derniers pays ne voulant plus se parler directement. L'Iran, qui s'oppose aux États-Unis tant en Ukraine qu'au Proche-Orient, serait tout sauf bien disposé à l'égard de Trump. Quelles en seraient les conséquences? Beaucoup de travail supplémentaire pour les fonctionnaires suisses soucieux de trouver un compromis – aux frais des contribuables.

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