«Procès de l'actrice porno»
Trump comparaît au premier jour de son procès historique au pénal

Donald Trump est devenu lundi le premier ex-président américain à comparaître au pénal, dans un procès à New York qui pourrait se conclure moins de six mois avant son duel électoral contre Joe Biden.
Publié: 15.04.2024 à 20:53 heures
Plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, Trump risque, en théorie, une peine de prison.
Photo: Getty Images

Donald Trump est devenu lundi le premier ex-président américain à comparaître au pénal, dans un procès à New York qui pourrait se conclure moins de six mois avant son duel électoral contre Joe Biden.

Comme à son habitude, juste avant l'audience au tribunal de Manhattan le candidat républicain a dénoncé une «persécution politique» ourdie par l'administration du président démocrate, qualifiant son procès «d'attaque contre l'Amérique». Il est ensuite entré dans la salle du tribunal où il s'est assis, le visage grave, sans prêter attention au procureur Alvin Bragg.

Le milliardaire est poursuivi pour des paiements destinés à acheter le silence de l'ancienne star du X Stormy Daniels, à quelques jours de l'élection de 2016, qu'il avait remportée sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.

Le juge Juan Merchan a ouvert la séance par l'examen des recours présentés par la défense, rejetant notamment une demande de se récuser. Il a exposé au prévenu les règles à suivre pour assister au procès. 

Les procureurs ont également réclamé des amendes à l'encontre de Donald Trump pour «entrave à la bonne marche de la justice», affirmant qu'il a violé à plusieurs reprises ces derniers jours sur les réseaux sociaux un ordre lui interdisant de critiquer les témoins. Le juge a fixé une audience sur ce point au 24 avril. Les débats se sont concentrés sur les questions d'admissibilité d'éléments de preuve réclamés par l'accusation.

Peine de prison

Plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, il risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l'empêcherait pas d'être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d'une revanche contre Joe Biden, mais projetterait la campagne dans une situation totalement inédite.

En attendant, «Trump va se rendre compte que devoir rester assis au tribunal toute la journée pendant des semaines peut être désagréable, avec des limites aux pauses pour aller aux toilettes, avoir accès à son téléphone, à l'activité physique, au golf», a ironisé sur les réseaux sociaux l'ex-procureur fédéral Shanlon Wu, en comparant cette situation à celle d'un détenu.

S'il était déclaré non coupable, ce serait au contraire un succès majeur pour le candidat républicain. D'autant plus qu'il est parvenu jusqu'à présent à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d'inverser les résultats de l'élection de 2020, et un pour gestion présumée désinvolte de documents classifiés.

«Spectacle secondaire»

Cette affaire, une sorte de «spectacle secondaire» par rapport aux trois autres, a expliqué à l'AFP John Coffee, professeur à la faculté de droit de l'Université de Columbia, pourrait donc être la seule jugée avant l'élection.

Elle ne porte «pas sur son comportement en tant que président, mais en tant que candidat à la présidence et que mari assez infidèle», déjà largement connu des Américains, ajoute-t-il.

L'ex-président est inculpé de 34 falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de «frais juridiques», le paiement de 130'000 dollars à Stormy Daniels.

En échange, cette dernière avait accepté de se taire sur une fugace relation sexuelle avec le milliardaire en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense assure que les paiements relevaient de la sphère privée. Mais l'accusation entend démontrer des manoeuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.

Grosse médiatisation de l'événement

Aux environs du tribunal placé sous très haute sécurité quelques dizaines de manifestants pro et anti-Trump se sont rassemblés lundi. Les caméras des médias du monde entier sont présentes mais mes audiences ne seront pas télévisées, en vertu des lois de l'Etat de New York.

Première étape, la sélection des douze jurés qui auront la charge de déclarer à l'unanimité Donald Trump «coupable» ou «non coupable», un processus qui pourrait prendre plusieurs jours.

Au moins une centaine de résidents de Manhattan seront réunis dans la salle d'audience, où ils devront répondre à un long questionnaire, notamment sur leurs sympathies ou préventions envers l'accusé.

L'un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces paiements quand ils ont eu lieu. Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui avait versé l'argent à Stormy Daniels – à la demande de son patron, assure-t-il – et a déjà été condamné par la justice fédérale pour cette affaire, sera l'un des témoins clé de l'accusation.

(AFP)

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