Avec des succès exportés à l'internationale comme le magasin de meubles Ikea ou les chansons pop d'Abba, la Suède s'est fait connaître mondialement et est considérée par beaucoup comme l'Etat providence par excellence. Mais ce monde idéal s'avérerait être un leurre.
Au cours des six dernières années, plus de 2500 fusillades ont eu lieu en Suède. Il n'y a aucun autre pays en Europe où autant de personnes sont tuées par arme à feu chaque année. Rien qu'en septembre, douze personnes ont succombé sous les balles. Les auteurs et les victimes sont généralement de jeunes hommes issus de quartiers difficiles.
Les experts parlent de 30'000 membres de gangs.
A Stockholm, Malmö et Göteborg – mais aussi à la campagne – des bandes ennemies se livrent à des violences sans pitié depuis des années. Dans les quartiers laissés à eux-mêmes, des fusillades ont lieu dans les rues et la police ne peut élucider qu'une fraction des cas, car presque aucun habitant des cités problématiques ne lui parle.
Les politiques ont déjà déclaré la guerre aux groupes criminels à de nombreuses reprises, mais toujours sans succès. Les experts estiment aujourd'hui le nombre de membres de gangs à environ 30'000. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson veut même désormais faire intervenir l'armée contre ces organisations criminelles.
La Suède semble tout simplement incapable de maîtriser la criminalité des gangs. La situation du pays est même considérée par ses voisins scandinaves comme un avertissement de ce qu'il ne faut pas faire en matière d'immigration et surtout d'intégration. Selon un article du «Tages-Anzeiger», le Danemark, la Norvège et la Finlande parlent ouvertement de «conditions de vie suédoises», c'est-à-dire d'une sorte de cauchemar social.
Les organisations criminelles s'étendent aussi en Finlande
La crainte est grande de voir la violence se propager dans les pays voisins. Car les gangs ne sont plus seulement actifs en Suède. La frontière entre la Norvège et la Suède n'est pratiquement pas surveillée, a déclaré Trond Bruen Olsen, chef du département du crime organisé de la police criminelle d'Oslo. Les organisations criminelles sont donc libres d'aller et venir à leur guise.
En Finlande aussi, les rapports sur l'activité croissante des gangs se multiplient. La police a récemment annoncé que le groupe Dödspatrullen (patrouilles de la mort en français), qui est établi à Stockholm, avait fait passer de la drogue en contrebande à la frontière finlandaise – et ceci à grande échelle. Le ministère de l'Intérieur met en garde contre le fait que d'autres gangs flairent le bon filon et tentent de s'implanter à Helsinki.
Le malaise suédois est avant tout dû à une forte concentration d'immigrés dans certaines banlieues depuis des années, et ils ne sont pas intégrés au reste de la société. Des sortes communautés parallèles se sont ainsi établies dans ces quartiers délaissés et négligés. Le monde politique a trop longtemps fermé les yeux sur cette problématique et en paie aujourd'hui le prix.
Les gangs attirent les jeunes avec de l'argent facile
Alors qu'un grand nombre de ces cités-blocs ont été construites dans les années 60, avec une part croissante d'étrangers mal intégrés, les jeunes y vivant désormais ont un faible niveau de formation scolaire et un taux de chômage élevé sévit. La plupart des jeunes ne voient ni perspective ni issue à cette situation déplorable. Les gangs, en revanche, les attirent avec de l'argent facile et trouvent sans surprise un terreau fertile au recrutement dans ces quartiers.
L'enjeu est de taille pour la Suède. Car l'image idyllique du pays s'est considérablement fissurée. Un coup d'œil au classement mondial des villes les plus agréables à vivre en dit long. Si Stockholm occupait autrefois toujours les premières places, elle n'est plus aujourd'hui que 43e.