Une seule piqûre par semaine et les kilos s'envolent: Kim Kardashian aurait allégé ses courbes grâce à l'Ozempic, un médicament à base d'insuline, afin de pouvoir rentrer dans la célèbre robe de Marilyn Monroe lors du Met Gala l'année dernière. Le patron de Tesla, Elon Musk, admet publiquement que le Wegovy - un médicament contenant du semaglutide, le même principe actif - l'a aidé à perdre du poids.
Depuis, le nouveau régime fait l'objet d'un battage médiatique énorme: les recherches Google explosent, Ozempic compte plus de 444 millions de vues sur Tiktok et des milliers de personnes s'extasient sur les réseaux sociaux de l'histoire de leur réussite en matière de perte de poids.
Et l'engouement est également arrivé en Suisse. Robert F.* est l'un de ceux qui ont perdu du poids grâce à Ozempic. Cet homme de 57 ans souhaite rester anonyme. Il possède un magasin d'ameublement, a entendu parler pour la première fois du prétendu régime miracle par une cliente l'été dernier - et l'a essayé: «Les deux premiers jours, je me suis senti mal, j'avais la nausée. Mais ensuite, on s'y habitue.»
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Perdre du poids sans efforts
Cet homme de 1,88 mètre a perdu dix kilos en l'espace de six mois. Il est passé de 83 à 73 kilos. Avec un indice de masse corporelle (IMC) initial de 23,5, il avait en fait un poids déjà dans la norme: «Mais je n'aimais pas mon ventre et je ne me sentais plus bien dans mon corps», explique-t-il. Malgré les effets secondaires au début, il s'enthousiasme de son expérience: «Jamais il ne m'a été aussi facile de perdre du poids. Les kilos se sont tout simplement envolés.» Il n'a pas changé son mode de vie pour autant.
Le médicament lui a été prescrit par un ami médecin spécialisé dans les hormones. Coût mensuel d'une injection hebdomadaire: environ 130 francs. La plus petite dose a suffi à Robert, qui a arrêté l'Ozempic en janvier. Il est confiant dans sa capacité à maintenir le poids atteint.
Ozempic est autorisé en Suisse pour le diabète de type 2, c'est le seul cas où il est remboursé par la caisse maladie. «Si on le prescrit en cas de surpoids, c'est ce qu'on appelle un usage hors étiquette, explique David Infanger, directeur du Centre de l'obésité et du métabolisme de Zurich (ASZ). En raison de l'engouement, il y a déjà eu des ruptures de stock, ce qui est problématique pour les diabétiques qui ont vraiment besoin du médicament.»
Le fabricant Novon Nordisk confirme la demande élevée inattendue et le goulot d'étranglement en septembre dernier. Il est toutefois faux, selon lui, de qualifier Ozempic d' «injection amaigrissante», car cela ne correspond pas à l'autorisation accordée par Swissmedic.
Un taux de glycémie abaissé
Mais comment fonctionne le soi-disant médicament miracle pour maigrir? Le semaglutide est une hormone intestinale similaire au GLP-1 produit par l'organisme: il fait baisser le taux de glycémie sans provoquer d'hypoglycémie dangereuse. En moyenne, les patients perdent ainsi environ 15% de leur poids corporel par an. Le médicament autorisé pour l'obésité est le Saxenda avec Liraglut, qui fonctionne de manière similaire au Semaglutid.
Le Wegovy, qu'Elon Musk a pris pour son régime, n'est pas encore disponible en Suisse en dehors des programmes d'étude. «Ce sont tous des principes actifs similaires et c'est un peu comme l'essence, tantôt sans plomb, tantôt super», résume David Infanger.
Le médecin insiste toutefois: «Il n'existe pas de remède miracle contre l'obésité!» Si l'on ne compte que sur le médicament, sans continuer à suivre les règles d'un régime, l'effet yo-yo peut s'installer. «Et deux ans plus tard, on est plus lourd qu'avant.» C'est pourquoi, selon lui, un accompagnement reste indispensable pour une réussite sur le long terme.
Une évolution positive pour les personnes en surpoids
Il voit néanmoins d'un bon œil le développement de tels médicaments, même s'il faut parfois les prendre toute sa vie: «C'est ce que font les diabétiques. L'obésité est une maladie chronique. La qualité de vie est réduite et cela peut entraîner de graves séquelles.» De tels médicaments ne doivent-ils donc être utilisés qu'en cas d'obésité sévère ou dès que le ventre s'arrondit? «Il faut trouver le juste milieu entre les souffrances psychiques, corporelles et les bénéfices», explique David Infanger.
Dans le cabinet de médecine esthétique de Mandana Péclard, Ozempic est également utilisé. «Mais je ne le prescris pas dans le cas où quelqu'un veut passer d'une silhouette mince à un poids de mannequin. C'est dangereux», explique le médecin. Car les effets secondaires pourraient être plus importants en cas de poids normal et, dans le pire des cas, conduire à des pancréatites chroniques et à des calculs biliaires. «On peut perdre jusqu'à cinq kilos avec un changement d'alimentation, même sans médicaments, tout ce qui est supérieur doit être examiné individuellement.»