Ramzan Kadyrov, dirigeant de la République russe de Tchétchénie depuis 2007, est un musulman pratiquant. Depuis les débuts de sa présidence, il prône une islamisation de la Tchétchénie. Ancien anti-russe, il est pourtant devenu l'un des plus proches fervents de Vladimir Poutine. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le «limier» du président russe, célèbre pour sa brutalité, mène une «guerre sainte» avec ses combattants tchétchènes.
Ramzan Kadyrov, souvent décrit comme une tête brûlée radicale, était autrefois un tueur de Russes. En 1994, il avait combattu au côté de son père Akhmat Kadyrov, qui avait notamment appelé au djihad contre Moscou. En 1999, le clan Kadyrov a retourné sa veste et changé de camp. Il a prêté allégeance au Kremlin, après les deux conflits qui ont opposé les deux belligérants. La Tchétchénie est ensuite devenue une République de la fédération de Russie.
Aujourd'hui, le leader tchétchène critique ouvertement le commandement de l'armée russe. Il se heurte au ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, qualifiant sa stratégie militaire de «faible». Il vient d'être promu colonel-général par Vladimir Poutine, le 5 octobre dernier.
Jouissant de la confiance du président russe, Ramzan Kadyrov renforce son pouvoir dans son pays et son influence en Russie, et cela n'échappe pas aux cercles de pouvoir établis au Kremlin. Bien que les propagandistes et les nationalistes russes le regardent avec méfiance, Ramzan Kadyrov justifie désormais le rôle des musulmans sur le champ de bataille ukrainien.
Appel à la «guerre sainte»
Mais qui a dit que musulmans et chrétiens ne pouvaient pas s'allier dans un contexte de guerre? En tout cas pas Ramzan Kadyrov. Il a ouvertement affirmé sur Telegram: «Les musulmans peuvent vivre dans un État chrétien et respecter les obligations civiques de ce pays.» Et même, les musulmans «peuvent s'engager pour la protection de ses frontières et de ses intérêts.» Ces explications ont été inspirées par son ami et conseiller Adam Shakhidov, qui justifie d'un point de vue religieux l'implication de la Tchétchénie dans le conflit ukrainien. Ladite «opération spéciale» deviendrait-elle une guerre de religion?
Selon Ramzan Kadyrov, c'est simplement une «guerre entre le bien et le mal, entre les valeurs traditionnelles et les conceptions abjectes du satanisme. La lutte contre les suppôts du diable.» Le dirigeant tchétchène l'affirme: cette guerre «doit être menée par les musulmans, toujours et partout». Même les «sceptiques religieux les plus fervents ne peuvent pas être en désaccord».
Rappelons qu'au début de la guerre, Ramzan Kadyrov avait déclaré que l'Ukraine devait être «nettoyée de la racaille, des nazis et des adorateurs du diable». Il avait notamment béni, sur la place principale à Grozny, 12'000 soldats pour le «Saint Djihad», c'est-à-dire une «guerre sainte» en Ukraine.
(Adaptation par Mathilde Jaccard)