L'Ukraine contre-attaque
La Russie est bloquée à Kharkiv après l'envoi d'armes par l'Occident

Dans la crise ukrainienne, le vent tourne: Kharkiv brave les attaques de la Russie, soutenue par des livraisons d'armes occidentales. L'Ukraine espère des jours meilleurs avec l'aide d'autres marchandises qui vont bientôt arriver. Une analyse.
Publié: 08.06.2024 à 18:58 heures
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Dernière mise à jour: 08.06.2024 à 19:05 heures
L'avenir s'annonçait sombre pour l'Ukraine. Mais quelques semaines plus tard, la situation s'est inversée. Pourquoi?
Photo: keystone-sda.ch
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Chiara Schlenz

Cela s'annonçait mal pour l'Ukraine. Le 10 mai dernier, l'armée russe a lancé sa nouvelle offensive sur Kharkiv, dans le nord-ouest du pays, à seulement 30 kilomètres de la frontière. L'Ukraine a même dû retirer des troupes du front principal dans le Donbass pour stopper l'armée russe. Mais début juin, la situation s'est inversée, du moins à Kharkiv.

Les Russes sont bloqués près de Kharkiv

L'offensive russe y est bloquée depuis un certain temps. Alors que de violents combats se poursuivent le long des deux axes de progression russes au nord de Kharkiv, l'armée russe n'a pas réussi à avancer de plus de dix kilomètres en territoire ukrainien. C'est ce que rapporte l'Institute for the Study of War (ISW).

Pour ce succès minime, la Russie a payé un lourd tribut en sang et a également perdu beaucoup de matériel. Selon le ministère britannique de la Défense, le mois de mai pourrait en effet avoir été le plus meurtrier pour les Russes depuis le début de la guerre. En moyenne, 1200 soldats ont été tués ou blessés chaque jour.

Comment les troupes ukrainiennes ont-elles réussi à mettre la Russie dans une situation aussi désespérée? Une des raisons possibles est que les livraisons de missiles américains ATACMS et les munitions d'artillerie tant attendues sont enfin arrivées.

L'Occident aide l'Ukraine

A cela s'ajoute la volte-face de l'Occident sur la question de savoir si l'Ukraine peut attaquer le territoire russe avec des armes occidentales. Cela a longtemps été interdit, mais des alliés importants comme les États-Unis, l'Allemagne et la France autorisent désormais une telle intervention. Selon les estimations de l'ISW, les Ukrainiens ont détruit une position de missiles russes près de Belgorod avec des missiles Himars livrés par les Etats-Unis. La position se trouverait à environ 80 kilomètres de Kharkiv.

La situation est toutefois moins réjouissante dans le Donbass. Chaque unité qui renforce le front nord, chaque char et chaque pièce d'artillerie qui est déplacée, manque sur ce front principal. Ces derniers jours, les troupes russes y ont gagné en divers endroits des territoires allant de 300 mètres à 1,5 kilomètre. Le Kremlin se rapproche ainsi de son objectif de s'emparer complètement des oblasts annexés de Lougansk et Donetsk. L'armée russe progresse également sur le front sud et pourrait réduire à néant la contre-offensive ukrainienne réussie de l'été 2023.

Le fait que la Russie attaque sur autant de fronts pourrait indiquer un changement de stratégie de la part de cette dernière, rapporte l'ISW. La ligne de front, déjà longue de 1000 kilomètres, s'est encore considérablement allongée avec l'attaque russe sur Kharkiv. La Russie souhaite ainsi réussir à étendre la défense ukrainienne et ainsi engranger de nouveaux bénéfices à long terme.

Comment l'Ukraine peut-elle continuer à se défendre?

Où l'Ukraine va-t-elle trouver les troupes et les armes pour défendre un front aussi long? L'armée manque déjà de soldats. Les hommes en âge de servir, qui pouvaient jusqu'à présent échapper à la conscription, sont enrôlés de force dans les rues lorsqu'ils quittent leur domicile. A l'instar de la Russie, l'Ukraine intègre même désormais dans ses rangs des détenus qui achètent ainsi leur liberté.

Bien que l'attaque russe sur Kharkiv ait révélé l'absurdité des restrictions d'utilisation des armes occidentales, il reste difficile à croire que cette mesure puisse avoir une influence durable sur la guerre. Mais l'Ukraine n'abandonne pas et peut même espérer des jours meilleurs. D'autres livraisons d'armes et de munitions sont en route. La France a par exemple annoncé la livraison d'avions de combat Mirage. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir le Kremlin: «Nous considérons ces déclarations comme très, très provocantes», a affirmé vendredi son porte-parole Dmitri Peskov.

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