Législatives allemandes
Coude-à-coude, selon les sondages, mais le SPD proclame sa victoire

Les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz et les conservateurs de la chancelière sont au coude-à-coude lors des élections législatives, selon de premiers sondages dimanche soir qui ouvrent la voie à la fin de l'ère Merkel.
Publié: 26.09.2021 à 19:03 heures
Photo: keystone-sda.ch

L'union conservatrice CDU-CSU, menée par Amin Laschet, obtiendrait 25%, comme les sociaux-démocrates, selon une enquête à la sortie des urnes pour la chaîne publique ARD.

Le SPD devancerait de peu, avec 26%, la CDU-CSU, à 24%, selon un autre sondage pour la chaîne ZDF.

Ces premiers sondages ont été accueillis par une explosion de joie au siège du SPD à Berlin. «Il est clair que le SPD» l'a emporté, s'est félicité le secrétaire général du parti, Lars Klingbeil, en revendiquant la formation du futur gouvernement.

Pour la CDU de Merkel, «les pertes sont amères», a admis le secrétaire général Paul Ziemiak.

Une part importante des électeurs ayant voté par correspondance, cette première tendance pourrait cependant être corrigée au fil de la soirée après les premiers dépouillements.

Revers historique

Quoi qu'il arrive, les chrétiens-démocrates subissent un revers sans précédent depuis 1949 avec au moins huit points de moins qu'en 2017, déjà un niveau historiquement bas pour les conservateurs.

Pour la première fois en 72 ans, dans une Allemagne de plus en plus fragmentée, l'union conservatrice tombe sous la barre des 30%.

Ce revers jette une ombre sur la fin de règne d'Angela Merkel, dont la popularité reste au zénith au terme de quatre mandats mais qui s'est avérée incapable de préparer sa succession.

Les Verts et leur candidate Annalena Baerbock, un temps favoris du scrutin, manquent le coche avec, selon ces sondages, entre 14 et 15%. Maigre motif de satisfaction: ils battent leur record de 2009, quand ils avaient obtenu 10,7% des voix, et progressent de six points par rapport à 2017.

Les libéraux du FDP, quatrième avec environ 12%, apparaissent comme les «faiseurs de roi» incontournables pour bâtir une future coalition.

L'extrême droite de l'AfD, dont l'entrée au Bundestag avait été le principal fait saillant du précédent scrutin de 2017, confirme son enracinement dans le paysage politique allemand. Mais avec entre 10 et 11%, ce parti islamophobe miné par des conflits internes, est en léger recul par rapport il y a quatre ans (12,6%).

Si la tendance se confirme, Olaf Scholz, vice-chancelier austère et ministre des Finances du gouvernement sortant, a ainsi des chances de succéder à Angela Merkel, chancelière depuis 16 ans, et d'enclencher le «changement» promis en fin de campagne.

Ce social-démocrate tendance centriste va cependant devoir bâtir une coalition à trois partis, une première dans l'histoire contemporaine allemande.

Les tractations risquent ainsi de durer plusieurs mois, au grand dam des partenaires de la première économie européenne, qui craignent une paralysie de l'UE jusqu'à début 2022.

Les Verts, qui n'ont pas caché durant la campagne leur disponibilité pour entrer dans un gouvernement social-démocrate, devraient faire partie de l'attelage.

Acte manqué

L'identité de la troisième force d'appoint reste elle totalement incertaine. Les libéraux du FDP, clairement marqués à droite, sont un partenaire possible dans le cadre d'une coalition dite «feu tricolore».

Autre partenaire possible, la gauche radicale de Die Linke, qui rassemble selon ces sondages, environ 5%, n'est pas assurée de passer la barre des 5% et d'ainsi sauver son groupe au Bundestag.

Olaf Scholz s'est montré ouvert à des discussions avec ces deux formations en désaccord sur pratiquement tous les sujets.

Les tractations risquent de durer plusieurs mois et retarder ainsi le départ effectif d'Angela Merkel, 67 ans dont plus de 30 passés en politique.

Campagne chaotique

Les conservateurs eux-mêmes n'ont pas dit leur dernier mot. Leur chef de file, le maladroit et impopulaire Armin Laschet, avait prévenu durant la campagne qu'il pourrait tenter, même cantonné en deuxième place, de bâtir une coalition qui le propulserait à la chancellerie.

Après une campagne chaotique marquée par ses erreurs et insuffisances, Armin Laschet, le grand perdant de la soirée à ce stade, va cependant devoir se montrer très persuasif. Comme un acte manqué, en votant il a enfreint la règle du secret du bulletin, en laissant apparaître son choix devant les caméras.

L'après Merkel risque au final de donner lieu à une nouvelle guerre des chefs au sein de la droite allemande, où la question de l'avenir de M. Laschet à la tête de la CDU est posée, huit mois après son élection.

Après avoir imposé au forceps sa candidature au printemps face au Bavarois Markus Söder, bien plus populaire que lui, l'actuel dirigeant de la vaste région de Rhénanie du nord-Westphalie a en effet précipité son camp dans le mur en multiplant les gaffes et en se montrant incapable de mobiliser un camp conservateur gagné par l'usure du pouvoir.

(ATS)

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