Joe Biden sur le retrait d'Afghanistan
«Je ne regrette pas ma décision»

Le président Joe Biden a résolument défendu lundi la décision de retirer les troupes américaines d'Afghanistan, malgré les scènes de détresse à l'aéroport de Kaboul. Il n'exclut cependant pas de continuer des actions militaires dans le pays, sans présence régulière.
Publié: 17.08.2021 à 09:33 heures
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Dernière mise à jour: 17.08.2021 à 11:45 heures
Joe Biden maintient que le but de la présence américaine en Afghanistan était avant tout "d'empêcher une attaque terroriste sur le sol américain".
Photo: AFP
ATS

«Je suis profondément attristé par la situation, mais je ne regrette pas» a déclaré Joe Biden dans une déclaration à la nation très attendue. La décision de retirer les forces américaines d'Afghanistan, où elles étaient entrées 20 ans plus tôt pour chasser les talibans du pouvoir, est d'autant plus controversée avec la chute du gouvernement afghan. Des milliers de personnes tentaient de fuir le pays désormais contrôlé par les talibans.

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Il était resté muet tout au long d'un weekend qui a vu le mouvement islamiste radical entrer à Kaboul, après une fulgurante offensive qui en à peine dix jours lui a permis de prendre le contrôle de quasiment tout le pays et investir le palais présidentiel, déserté par le président Ashraf Ghani, en fuite à l'étranger.

Cible de vives critiques, aux Etats-Unis comme à l'étranger, le maître de la Maison Blanche a répété que la mission de Washington n'avait jamais été de bâtir une nation démocratique dans un pays instable, mais «d'empêcher une attaque terroriste sur le sol américain».

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Dans un tweet posté dans la foulée, Joe Biden n'excluait cependant pas de poursuivre des «missions de contre-terrorisme» en Afghanistan, mais sans une présence militaire nécessaire.

Un effondrement plus rapide que prévu

Les Etats-Unis étaient intervenus en Afghanistan en 2001 en raison du refus des talibans de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

«Les forces américaines ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d'une guerre que les forces afghanes n'ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes», a continué Joe Biden, concédant toutefois que l'effondrement du gouvernement afghan avait été plus rapide «que nous ne l'avions prévu.»

Les talibans promettent l'amnistie générale

Les talibans sont entrés dimanche dans Kaboul sans faire couler le sang. Mais leur fulgurant triomphe a déclenché des scènes de panique monstre à l'aéroport de Kaboul. Une marée humaine s'est précipitée lundi vers ce qui est la seule porte de sortie de l'Afghanistan.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré plus tôt des scènes de totale anarchie, comme ces centaines de personnes courant près d'un avion de transport militaire américain qui roule pour aller se mettre en position de décollage, pendant que certaines tentent follement de s'accrocher à ses flancs ou à ses roues.

«Nous avons peur de vivre dans cette ville et nous tentons de fuir Kaboul», a témoigné, de l'aéroport, à l'AFP Ahmad Sekib, 25 ans, un ancien soldat utilisant un faux nom qui a expliqué craindre des représailles de la part des talibans. Dans un communiqué mardi, ces derniers ont toutefois annoncé une «amnistie générale» pour tous les fonctionnaires d'Etat.

Près de 30'000 personnes à évacuer

Un cliché, dont le Pentagone n'a pas démenti la véracité, montrait 640 Afghans entassés dans un avion cargo C-17 de l'US Air Force, dont certains ont grimpé à bord à la dernière minute alors que la rampe d'accès n'était plus qu'à moitié ouverte.

Washington a envoyé 6000 militaires pour sécuriser l'aéroport et faire partir quelque 30'000 Américains et civils afghans ayant coopéré avec les Etats-Unis qui craignent pour leur vie.

De Madrid à La Haye, en passant par Paris, Bucarest, Londres, plusieurs autres pays s'activent aussi pour rapatrier leurs ressortissants. Les vols, civils et militaires, suspendus lundi après-midi en raison de l'envahissement des pistes, ont repris dans la nuit, a annoncé le Pentagone.

Washington, qui déplore 2500 morts et une facture de plus de 2000 milliards de dollars, et dont l'image en ressort profondément écornée, a essuyé de nombreuses critiques de ses alliés européens.

Les talibans patrouillent

Joe Biden a menacé les talibans d'une réponse militaire «rapide et puissante» s'ils venaient à perturber les opérations d'évacuation en cours.

Les rues de Kaboul sont à l'opposé restées relativement calmes lundi. Des talibans en armes patrouillaient les rues, installant des postes de contrôle, notamment dans la «Green zone», auparavant ultra-fortifiée qui abrite les ambassades et les organisations internationales.

Des discussions sont encore en cours pour formaliser la prise du pouvoir par les talibans, qui ont multiplié les messages à l'intention de la communauté internationale pour l'assurer que les Afghans n'ont rien à craindre d'eux.

Mais beaucoup d'Afghans craignent que les talibans n'imposent la même version ultra-rigoriste de la loi islamique que lorsqu'ils dirigeaient leur pays, entre 1996 et 2001.

Les femmes ne pouvaient alors ni travailler ni étudier. Le port de la burka était obligatoire en public et elles ne pouvaient quitter leur domicile qu'accompagnées d'un «mahram», un chaperon masculin de leur famille.

La Chine se positionne

Les Etats-Unis pourraient reconnaître un futur gouvernement taliban, à condition qu'il «préserve les droits fondamentaux de son peuple, y compris de la moitié de sa population, soit ses femmes et ses filles» et, qu'il «n'offre pas de refuge aux terroristes», a indiqué à la presse le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.

La Chine a été le premier pays à dire lundi vouloir entretenir des «relations amicales» avec les talibans. La Russie et l'Iran ont aussi fait des gestes d'ouverture.

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