Pressé d'en finir avec Nikki Haley, Donald Trump veut infliger samedi une défaite cuisante à sa rivale lors de la primaire républicaine de Caroline du Sud, l'Etat dont elle a été gouverneure pendant six ans. L'ancien président américain de 77 ans, ultra-favori de la droite, espère forcer son ex-ambassadrice à l'ONU à jeter l'éponge afin de pouvoir concentrer ses attaques sur le démocrate Joe Biden, qui brigue un second mandat en novembre.
Sur Trump
Elle s'accroche
Mais Nikki Haley, 52 ans, s'accroche: elle refuse pour l'instant de quitter la course à l'investiture républicaine qui doit désigner le candidat du parti pour la présidentielle. Elle a pourtant perdu toutes les primaires précédentes face à Trump et les sondages la donnent 30 points derrière lui sur ses propres terres.
«Mon but a toujours été d'être une candidate qui compte en Caroline du Sud», a-t-elle affirmé samedi à la presse. «Donald Trump ne peut pas gagner la présidentielle» face à Joe Biden, a-t-elle répété, estimant qu'elle ferait davantage le poids face à ce dernier.
L'équipe de Donald Trump balaie son argumentaire. «La primaire se termine ce soir et il est temps de se tourner vers la présidentielle afin que nous puissions vaincre Joe-la-Crapule», a dit dans un communiqué Steven Cheung, un porte-parole de Trump, utilisant l'un des sobriquets préférés du magnat pour le démocrate.
«Un exemple incroyable à suivre»
Dès l'ouverture du scrutin, des électeurs ont afflué vers les bureaux de vote. Jeff, 54 ans, affirme avoir envisagé de voter Haley, mais que les procès intentés à Donald Trump l'ont convaincu de donner sa voix à l'ex-président.
«Ils lui ont fait tellement de mal. Il mérite une autre chance», dit ce républicain qui préfère ne pas donner son nom de famille devant un bureau de vote de Mount Pleasant, près de Charleston.
A Charleston même, Julie Taylor, 56 ans, est venue voter avec sa fille adolescente. «Nikki Haley est un incroyable exemple à suivre. Elle ne lâche pas l'affaire et elle fait preuve de force, de grâce et de courage», déclare-t-elle.
«Trump est assez horrible»
Caroline Palmer, 47 ans, a aussi voté pour l'ex-gouverneure, mais pas pour les mêmes raisons. Cette démocrate a pu voter à la primaire républicaine comme le prévoient les règles ici, et elle veut faire barrage à Donald Trump. «C'est quelqu'un d'assez horrible. Je ne veux surtout pas qu'il redevienne président», a-t-elle expliqué.
Profitant de nouveaux propos polémiques de son rival, Nikki Haley l'a vivement critiqué samedi. Embourbé dans les ennuis judiciaires, il a suggéré que ses inculpations faisaient de lui un candidat sympathique aux yeux des Afro-Américains.
Il rencontrait un groupe d'Afro-Américains conservateurs en Caroline du Sud vendredi soir quand il a déclaré: «Beaucoup de gens disent que les personnes noires m'aiment bien parce qu'elles ont tellement souffert et été discriminées, et qu'elles me voient comme quelqu'un qui a été discriminé.»
Trump, c'est fini?
«Voilà le chaos qui accompagne Donald Trump, et ce genre de propos offensants va continuer chaque jour jusqu'à l'élection», a affirmé Nikki Haley. Le plaidoyer de cette femme, la seule en lice chez les républicains, est simple: «Nous ne survivrons pas à quatre ans de plus du chaos de Trump.»
Elle exhorte à choisir à la place «une nouvelle génération de dirigeants conservateurs». Les premiers résultats doivent tomber samedi à partir de 19H00 locales (00H00 GMT dimanche).
L'enjeu de cette primaire est clair. «Si Trump est en mesure de battre l'ancienne gouverneure Nikki Haley dans son Etat d'origine, cela ferait probablement de lui un candidat quasi assuré de l'investiture du Parti républicain», explique David Darmofal, politologue à l'Université de Caroline du Sud.
Prochaine étape: le Michigan
Mais Nikki Haley ne s'avoue pas vaincue. Après samedi, les deux rivaux devraient donc s'affronter mardi dans le Michigan.
Les républicains de l'Idaho, du Missouri, du Dakota du Nord voteront ensuite chacun leur tour, un ballet bien orchestré qui mènera les candidats jusqu'à l'un des plus grands rendez-vous politique de l'année, le Super Tuesday.
Le 5 mars, une quinzaine d'Etats, dont le Texas, la Californie, le Colorado et la Virginie organiseront simultanément leurs scrutins lors d'une grande journée électorale. Les primaires peuvent en théorie s'étirer jusqu'en juillet. Mais l'équipe Trump prévoit une victoire «le 19 mars» au plus tard.
(AFP)