Mardi, le président russe, Vladimir Poutine, a livré un discours long de plus de 100 minutes, teinté par la répétition: celle de sa détermination dans sa campagne militaire, et celle des arguments pour la justifier, basée sur une vision qui lui est propre de l'Ukraine et des Ukrainiens, ainsi que de l'Occident.
«Pour assurer la sécurité de notre pays, pour éliminer les menaces venues d'un régime néonazi existant en Ukraine depuis le coup d'État de 2014, il a été décidé de mener une opération militaire spéciale. Et nous allons régler pas à pas, soigneusement et méthodiquement, les objectifs qui se posent devant nous», a-t-il déclaré.
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L'Occident est responsable de l'escalade du conflit en Ukraine, a aussi déclaré Poutine, dont l'armée a envahi le pays voisin. Il l'a accusé d'utiliser le conflit en Ukraine pour «en finir» avec la Russie, dans un discours annuel à la nation. «Les élites de l'Occident ne cachent pas leur objectif: infliger une défaite stratégique à la Russie, c'est-à-dire en finir avec nous une bonne fois pour toutes», a-t-il martelé.
La pédophilie, «norme» occidentale
Le président russe est allé encore plus loin dans les relents de propagande: selon lui, l'Occident aurait fait de la pédophilie «la norme», dans un discours annuel à la nation très attendu, un an après le début de l'offensive militaire en Ukraine.
«Regardez ce qu'ils font avec leurs propres peuples: la destruction des familles, des identités culturelles et nationales, la perversion et la maltraitance des enfants jusqu'à la pédophilie, sont déclarées comme étant la norme (...). Et les prêtres sont obligés de bénir les mariages entre homosexuels», a-t-il lancé dans son allocution.
Autoritarisme répété
L'homme fort du Kremlin a aussi appelé mardi à poursuivre les «traîtres» en Russie, en pleine répression de toute voix critique du Kremlin et du conflit en Ukraine, à coup d'arrestations et de lourdes peines de prison.
«Ceux qui ont choisi de trahir la Russie doivent être tenus responsables devant la loi», a déclaré le président russe, avant d'assurer qu'il ne s'agissait pas pour autant d'une «chasse aux sorcières».
Discours dénoncé comme «absurde»
Après ce discours jusqu'au-boutiste, un haut responsable américain a dénoncé «l'absurdité» des accusations du président Vladimir Poutine, qui a affirmé que la menace occidentale contre la Russie justifiait l'invasion de l'Ukraine.
«Personne n'attaque la Russie. Il y a une sorte d'absurdité dans l'idée que la Russie était sous une forme de menace militaire de la part de l'Ukraine ou de quiconque d'autre», a déclaré aux journalistes le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Rhétorique de la Guerre froide
Par ailleurs, Vladimir Poutine qui a marqué les esprits en annonçant la suspension du traité New Start sur le désarmement nucléaire, se disant en outre prêt à renouer avec les essais nucléaires. «Ils veulent nous infliger une défaite stratégique, s'en prennent à nos sites nucléaires, c'est pourquoi je suis dans l'obligation d'annoncer que la Russie suspend sa participation au traité (New) Start», a déclaré le président russe.
Signé en 2010, ce traité est le dernier accord bilatéral du genre liant Russes et Américains et vise à limiter leurs arsenaux nucléaires. La Russie avait déjà annoncé début août suspendre les inspections prévues sur ses sites militaires. M. Poutine a aussi appelé les forces russes à se tenir «prêtes à réaliser des essais d'armes nucléaires», au cas où les États-Unis en feraient en premier.
Riposte de Washington, Paris et Londres
Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a qualifié la décision de la Russie sur New Start de «très décevante et irresponsable», tout en assurant que les États-Unis «restent prêts à discuter sur les armes stratégiques» avec Moscou.
Pour sa part, Paris a rappelé que le traité New Start constituait «un instrument essentiel de l'architecture internationale de maîtrise des armements nucléaires et de stabilité stratégique». Londres a souligné que le contrôle des armements était «vital pour la sécurité de notre planète», cependant que le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a dit «regretter» la décision russe.
De son côté, le président américain, Joe Biden, s'est exprimé mardi depuis la Pologne. «Un an plus tard, je dirais que l'OTAN est plus forte que jamais», a-t-il déclaré, au lendemain de sa visite surprise à Kiev. Et «je peux dire avec fierté que notre soutien à l'Ukraine est inébranlable», s'est-il félicité lors d'une rencontre des délégations polonaise et américaine, partiellement retransmise par les télévisions locales.
(Blick avec ATS)