Dimanche 7 décembre, le ministre suédois de la Défense civile Carl-Oskar Bohlin a fait une annonce grave lors de la conférence annuelle sur la sécurité et la défense suédoise «Folk och Försvar» à Sälen. Les discussions ont tourné sur le processus d’adhésion de la Suède à l’OTAN, les défis du pays face à la montée des conflits internationaux, notamment la guerre entre la Russie et l'Ukraine non loin de ses frontières et aux dispositifs antiterroristes du pays.
Mais ce que le monde retient surtout, c'est cette déclaration prononcée par le ministre suédois au milieu de son discours: «Beaucoup l'ont dit avant moi, mais laissez-moi le faire à titre officiel plus clairement: il pourrait bien y avoir une guerre en Suède.»
Après cette annonce, la même question s'est posée pour les citoyens, employés, entrepreneurs et cadres du pays: «Que ferez-vous en cas de guerre?» Le politicien a insisté sur le fait que les préparatifs en vue d'un éventuel conflit doivent être anticipés le plus rapidement possible. «Il faut comprendre que dans la situation actuelle, le temps est notre ressource la plus précieuse.» Le ministre suédois de la Défense n'exagère-t-il pas quelque peu? La réponse à cette question demeure pour le moment inconnue. Mais selon un expert de stratégie militaire interrogé par Blick, cet avertissement doit être pris au sérieux.
Tout le monde doit se préparer
Carl-Oskar Bohlin n'a pas seulement énoncé l'éventualité d'une guerre. Il a également donné des indications sur la manière dont il faudrait se préparer à cette situation d'urgence. Et chacun aurait un rôle bien précis. Les conseils municipaux devraient élaborer des plans d'eau d'urgence et assurer l'approvisionnement en nourriture, en chaleur et en électricité. Les autorités d'urgence devraient recruter des volontaires afin de pouvoir étendre leur travail en cas de guerre. Les particuliers devraient envisager de rejoindre une organisation de défense volontaire.
Pour le ministre suédois, l'Ukraine est un modèle de société capable de se défendre et d'être soudée contre une attaque offensive. Elle le prouve aujourd'hui dans le conflit qui l'oppose la Russie. Une telle résistance unie n'est toutefois possible «que si la grande majorité est consciente de la situation et comprend de quoi il s'agit», insiste le politicien. Les Suédois, habitués à la paix, devraient dès à présent prendre conscience de la réalité. Quant aux autorités, elles doivent également se préparer à ce scénario et agir dès à présent. Ce qui peut être fait rapidement doit être fait rapidement: nul besoin de longues discussions inutiles. «Un 'assez bon' demain vaut mieux qu'un 'parfait' dans cinq ans», illustre le ministre.
«Il faut prendre le Kremlin au sérieux»
Carl-Oskar Bohlin est-il en train de semer la panique inutilement, ou la Suède est-elle réellement sur le point d'entrer en guerre? L'expert en stratégie militaire Mauro Mantovani qualifie le discours de l'élu comme un réveil de la politique intérieure. «Il est probablement coordonné avec son gouvernement, indépendamment du fait que la Suède ne bénéficie actuellement pas encore d'une protection formelle de l'OTAN au titre de l'article 5», estime le Professeur des études stratégiques.
Il s'agit selon lui d'un appel urgent aux concitoyens à se préparer mentalement à un potentiel conflit armé. Mauro Mantovani précise: «Il appelle implicitement à commencer dès aujourd'hui la reconstruction du système global de défense suédois de la guerre froide.» Une guerre future ne peut toutefois pas être exclue. «Il faut prendre le Kremlin au sérieux. Il a menacé la Suède de graves répercussions si elle rejoignait l'OTAN, et il y a toujours eu des provocations militaires de la part de la Russie après la Seconde Guerre mondiale», rappelle l'intervenant.
La Suède va «droit dans le mur» en rejoignant l'OTAN
Après avoir annoncé son intention d'adhérer à l'OTAN, la Suède s'est vue menacée par Moscou, qui a déployé un arsenal massif de menaces contre cette dernière et la Finlande. Le Kremlin a même évoqué le déploiement d'armes nucléaires à la frontière et dans la mer Baltique.
Viktor Tatarintsev, ambassadeur russe à Stockholm, affirme que si la Suède demandait à adhérer à l'OTAN, elle allait «droit dans le mur». La Suède comme la Finlande devraient s'attendre à devenir des «cibles légitimes» de mesures de rétorsion en cas d'adhésion à l'organisation basée à Bruxelles.
Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg s'attend à ce que la Suède soit admise dans l'alliance de défense d'ici le mois de juillet. Pour rappel, la Turquie a empêché des mois durant la Suède de devenir un pays membre. La commission des affaires étrangères du Parlement turc a désormais approuvé l'élargissement. Il faudra encore attendre le oui du Parlement turc pour faire avancer le processus.