La Russie a lancé ce vendredi matin une vaste série de frappes sur plusieurs villes d'Ukraine, dont la capitale Kiev, avec «un nombre record de missiles», qui ont fait, selon les autorités ukrainiennes, au moins 18 morts et 132 blessés. La Pologne, pays membre de l'Otan, a affirmé vendredi qu'un objet volant non identifié était entré dans son espace aérien depuis l'Ukraine, un incident qui pourrait être lié à ces frappes.
«Aujourd'hui, la Russie a utilisé presque tous les types d'armes de son arsenal», a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sur le réseau social X. Selon l'armée de l'air, 158 missiles et drones ont été tirés sur l'Ukraine, dont 114 ont été détruits. «Il s'agit de l'attaque de missiles la plus massive d'une manière générale», à l'exclusion des premiers jours de la guerre, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée de l'air Iouri Ignat.
Des bâtiments civils visés
Les frappes ont visé «des installations civiles, des bâtiments civils», a assuré Andriï Iermak, le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky. «Nous faisons tout notre possible pour renforcer notre bouclier aérien. Mais le monde doit voir que nous avons besoin de plus d'aide et de moyens pour arrêter cette terreur», a-t-il ajouté sur le réseau social Telegram. Un propos dont s'est fait l'écho l'ambassadrice américaine Bridget Brink, selon laquelle «l'Ukraine a besoin de fonds dès maintenant pour continuer à se battre pour se libérer d'une telle horreur en 2024».
Mercredi, Washington a débloqué la dernière tranche d'aide militaire accordée à Kiev jusqu'à nouvel ordre par le Congrès américain. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui estimé que ces frappes démontraient que Vladimir Poutine «ne reculera devant rien». La France a condamné «avec la plus grande fermeté» une «stratégie de terreur». Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a dénoncé des «frappes lâches» et promis que l'UE se tiendrait aux côtés de l'Ukraine, aussi longtemps qu'il le faudra».
Au moins 18 morts
Les tirs russes ont fait au moins 18 morts et 132 blessés, selon la police nationale, qui précise que des personnes peuvent encore se trouver sous les décombres. La Russie s'est limité à indiquer dans son briefing quotidien que «toutes les cibles ont été atteintes», comme elle le fait chaque jour. Elle a affirmé avoir visé lors de plus de 50 frappes, dont une «d'envergure» en Ukraine entre le 23 et 29 décembre, des infrastructures militaires, dépôts de munition et lieux de déploiement des soldats ukrainiens.
La coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Ukraine, Denise Brown, a condamné sur X «une vague haineuse d'attaques», illustrant «l'horrible réalité» vécue par les Ukrainiens. A Kiev, où la «défense antiaérienne fonctionne activement» selon son maire Vitali Klitschko, les journalistes de l'AFP ont entendu aux premières heures plusieurs fortes explosions.
Dans le quartier de Podil, dans le nord de Kiev, un hangar de 3000 m2 était la proie des flammes. Une station de métro utilisée comme abri anti-aérien a été endommagée, ainsi que plusieurs immeubles d'habitations et d'autres hangars. Une maternité de Dnipro a aussi été «gravement endommagée», mais sans victimes, selon le ministère de la Santé.
La Pologne recherche le missile
En Pologne, des opérations de recherches sont en cours après qu'un objet volant, «arrivé depuis la frontière avec l'Ukraine», a été repéré par radar près de la ville frontalière de Zamosc, dans l'est du pays. En novembre 2022, un missile ukrainien était tombé sur le village polonais de Przewodow, près de la frontière avec l'Ukraine, en tuant deux civils. L'incident avait brièvement suscité les craintes d'une extension du conflit.
La vague de frappes russes vient clore une année difficile pour l'Ukraine, marquée par l'échec de sa contre-offensive estivale et une reprise d'initiative des forces de Moscou, qui ont revendiqué cette semaine la prise de la ville de Marinka sur le front est. Elles interviennent aussi dans un contexte d'essoufflement de l'aide occidentale à Kiev, tant en Europe qu'aux Etats-Unis. Une situation qui menace le pays de manquer de munitions et de fonds. L'ambassadrice américaine Bridget Brink a estimé jeudi que les besoins financiers de l'Ukraine étaient «critiques et urgents».
Le président Zelensky a exhorté une nouvelle fois jeudi les Etats-Unis à maintenir leur assistance «essentielle», après le déblocage d'une nouvelle tranche de 250 millions de dollars (225 M EUR), la dernière sans un nouveau vote au Congrès américain, qui refuse pour l'instant d'allouer davantage d'argent.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a lui mis son veto à une nouvelle enveloppe d'aide de l'UE, un problème que les Européens espèrent régler lors d'un nouveau sommet début février 2024.
(AFP)