Kiev a affirmé jeudi avoir reconquis quelque 700 km2 dans cette région du Nord-Est ukrainien ces derniers jours, en particulier la ville de Balakliïa, ainsi qu'une vingtaine de localités.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a estimé depuis Bruxelles que le déploiement de renforts par Moscou montre que la Russie paye «un énorme prix».
Le ministère russe de la Défense, qui n'a fait aucun commentaire sur le sujet, a néanmoins annoncé aux agences de presse russes le déploiement de renforts dans cette direction, diffusant une vidéo montrant blindés, obusiers et camions roulant en grand nombre sur des routes non géolocalisées. Il n'a pas diffusé de communiqué pour détailler ou commenter ces déploiements.
Combats acharnés
Un haut responsable de l'administration d'occupation mise en place par Moscou dans les zones contrôlée par l'armée russe, Vitali Gantchev, a affirmé vendredi sur la chaîne de télévision russe Rossiya 24 que des «combats acharnés» étaient en cours autour de la ville de Balakliïa, que Kiev a dit jeudi avoir reconquise.
«Nous ne contrôlons plus Balakliïa. Des tentatives pour déloger les forces ukrainiennes sont en cours, mais les combats là-bas sont acharnés et nos troupes sont retenues aux abords» de la ville, a-t-il affirmé.
Selon lui, des combats difficiles ont aussi lieu près de la localité de Chevtchenkové, toujours dans la région de Kharkiv. «Là aussi, les forces armées ukrainiennes essayent de briser les défenses. Des réserves depuis la Russie ont été envoyées là-bas, nos troupes ripostent», a affirmé Vitali Gantchev.
La route de Kharkiv en direction du sud-est, vers Balakliïa, était ouverte à la circulation vendredi matin, a constaté une équipe de l'AFP, une zone que l'armée ukrainienne semble avoir reconquise lors de combats ces derniers jours.
De nombreuses voitures civiles circulaient, ainsi que des véhicules militaires. Des files d'attente étaient également visibles à plusieurs checkpoints.
Kharkiv, capitale de la région du même nom et deuxième ville d'Ukraine, est située dans le nord-est du pays, juste à la frontière avec la Russie, et résiste depuis le début de l'invasion du 24 février aux efforts russes pour la conquérir.
Outre la percée dans cette région, Kiev a aussi revendiqué jeudi une série de succès dans le Sud et l'Est, affirmant avoir repris des territoires et de nombreuses localités.
S'ils sont consolidés, ces gains ukrainiens des derniers jours, associés à ceux revendiqués dans le Sud et l'Est, sont les plus importants pour l'Ukraine depuis le retrait des troupes russes des environs de Kiev fin mars.
Dans le Donbass, bassin minier de l'Est ukrainien où les combats les plus violents de la guerre se sont déroulés ces derniers mois, Kiev a affirmé jeudi avoir avancé de deux à trois kilomètres près de Kramatorsk et de Sloviansk et repris le village d'Ozerné.
Unité de l'Otan
A 45 km de là, à Bakhmout, huit civils ont été tués jeudi et 17 autres blessés dans des frappes russes, selon les autorités ukrainiennes.
«Vingt maisons, six immeubles, quatre magasins, la Maison de la Culture et le centre administratif de la ville ont été endommagés» dans ces frappes russes, a déclaré vendredi le gouverneur régional, Pavlo Kyrylenko, ajoutant que le marché avait été «sous le feu» de l'artillerie russe.
Bakhmout, qui comptait 70.000 habitants avant le début du conflit fin février, n'a plus d'eau ni d'électricité pour le quatrième jour consécutif, selon Pavlo Kyrylenko.
En déplacement à Prague, Lloyd Austin, le secrétaire américain à la Défense, a salué les récents succès de l'Ukraine, notant que les armements occidentaux, comme les HIMARS américains, ont pu être employés pour «changer la dynamique sur le champ de bataille». «Nous voyons des succès à Kherson (sud) maintenant, des succès à Kharkiv, et donc tout ça est très, très encourageant», a-t-il dit.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken était pour sa part à Bruxelles pour une réunion avec l'Otan, où il compte insister sur «l'unité» des membres de l'organisation pour «s'assurer que notre Alliance soit aussi forte que possible pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression».
(AFP)