Les Ukrainiens font pression contre les Russes: depuis le début de la grande contre-offensive dans le sud du pays, ils ont gagné du terrain. Le président, Volodymyr Zelensky, a même parlé de reconquête dans plusieurs régions. «Les drapeaux ukrainiens reviennent», a-t-il claironné.
Le premier grand objectif sera de reprendre la ville de Kherson, dont les Russes s’étaient emparés peu après le début de l’invasion. «Les habitants ukrainiens de Kherson attendent et se réjouissent de l’offensive des troupes ukrainiennes», assure Konstantin Ryzhenko à Blick.
Konstantin Ryzhenko est journaliste et activiste. Il vivait dans la clandestinité à Kherson avant de s’enfuir à Kiev le 21 août avec de faux papiers d’identité. Il se faisait passer pour un comptable. En ce moment, il aide depuis la capitale à organiser la résistance à Kherson et est en contact permanent avec le service de renseignement du Ministère de la défense.
200 SMS par heure
De l’autre côté de l’écran, via Skype, il explique à Blick comment fonctionne la résistance dans la ville du sud de l’Ukraine. «Depuis que les missiles HIMARS frappent à Kherson, nous assistons à une nouvelle vague d’échange d’informations», rapporte Konstantin Ryzhenko. Ses compatriotes lui transmettent les endroits où les Russes se cachent et où se trouvent leurs armes: «Ils sont très motivés pour aider à la contre-offensive. Je reçois jusqu’à 200 SMS par heure.»
Le mouvement de résistance à Kherson se divise en plusieurs sections. «Quelqu’un fournit des informations, d’autres suivent des soldats ou participent à des exercices militaires, des personnes expérimentées pratiquent le sabotage. Mais de simples habitants résistent également, par exemple en boycottant ou en supprimant les informations des Russes. Tous ceux qui peuvent se défendre d’une manière ou d’une autre le font», détaille le journaliste.
Du poison et des fourches contre les Russes
Les occupants ont annoncé qu’ils organiseraient un référendum à Kherson pour rattacher la ville à la Russie. «Ils peuvent toujours organiser ce vote, mais ils ne pourront jamais tenir le territoire», lâche le militant ukrainien.
Si l’armée régulière devait se retirer, il faudrait s’attendre à une résistance de la part de la population. «Quelqu’un sera noyé, quelqu’un sera pendu, quelqu’un sera poignardé dans les côtes avec une fourche, un garage lubrifiera ses freins avec de l’huile, quelqu’un pulvérisera du poison quelque part. Une seule minute sans contrôle suffira», prédit Konstantin Ryzhenko.
Le cauchemar est encore à venir
Les Ukrainiens vivent à Kherson depuis six mois sans revenu, uniquement grâce à leurs économies. En outre, beaucoup ont besoin d’une aide psychologique. De nombreuses personnes seraient torturées, parfois jusqu’à la mort.
Dès le premier jour de l’occupation, les Russes auraient commencé à piller la ville. Ils savaient que leur temps à Kherson était compté. «Ils entrent par effraction dans les maisons et emportent tout ce dont ils peuvent avoir besoin: outils, moissonneuses-batteuses, machines – maintenant, c’est surtout le métal qui est volé», raconte Konstantin Ryzhenko.
Le grand choc serait encore à venir, estime le journaliste: «Le cauchemar commencera lorsque nous ouvrirons les fosses communes de Kherson, lorsque nous nettoierons les foyers d’incendie, lorsque nous ouvrirons les chambres de torture et lorsque nous regarderons dans les caves. Nous verrons alors que le massacre de Boutcha n’était pas un cas isolé.»