Le 2S7 Pion est surnommé «la pivoine». Derrière cette appellation délicate se cache en réalité la plus lourde pièce d’artillerie du monde. Ce colosse de 46 tonnes est désormais en service dans les rangs ukrainiens, à Kharkiv. «Les occupants russes en prennent plein la figure», affirme sans détour un commandant de l’armée au quotidien «die Welt».
Pour lui, il n’y a pas de doute: avec le 2S7, l’Ukraine pourrait effectivement mettre les troupes de Vladimir Poutine en difficulté. L’homme assure aussi que les armes occidentales ne sont pas les seules à conduire au succès de l’armée ukrainienne: les pièces d’artilleries indigènes font aussi leurs preuves.
Il faut dire que les autres chars font presque pâle figure à côté de ce monstre. Ses obus peuvent parcourir jusqu’à 37 kilomètres et les munitions à portée accrue peuvent même atteindre 47 kilomètres. Le chargeur mécanique de l’arme permet une vitesse de tir de deux coups par minute.
La Russie possède 320 pièces de ce type
Cette énorme machine a été développée dans les années 1970 en Union soviétique et a été modernisée à plusieurs reprises depuis. Hormis l’Ukraine et la Russie, le système n’est toutefois plus qu’utilisé par une poignée d’autres pays, dont la Géorgie et l’Ouzbékistan.
Son équivalent dans l’arsenal de l’OTAN a longtemps été l’obusier M110 de 203 mm, mais de nombreux Etats – comme l’Allemagne et les Etats-Unis – l’ont retiré du service dans les années 1990.
La Russie est également en possession de pivoines. Les troupes de Vladimir Poutine en ont 320 en réserve, selon les chiffres de Military Balance 2021. On ignore toutefois combien d’entre eux sont réellement en service sur le front. Les forces armées ukrainiennes revendiquent de leur côté 100 canons de ce type.
Difficile d’avoir plus de pièces que la Russie
Ce nouvel exemple démontre que si l’Ukraine et la Russie disposent de systèmes d’artillerie presque identiques, cette dernière éclipse son rival en termes de quantité. «La Russie a cinq fois plus d’unités d’artillerie que l’Ukraine et sept fois plus de lance-roquettes», explique l’analyste militaire ukrainien Volodymyr Datsenko à «Die Welt».
Même à l’avenir, il ne sera guère possible de surpasser quantitativement l’artillerie russe, poursuit l’expert. En effet, de nombreux partenaires européens de l’Ukraine ne possèdent plus de grandes quantités de pièces d’artillerie. Ils préfèrent miser sur les avions et les armes à longue portée. «Le seul pays parmi les partenaires de l’Ukraine qui dispose d’un stock d’artillerie suffisamment important est les Etats-Unis. Il est toutefois évident qu’ils ne peuvent pas remettre toute leur artillerie à l’Ukraine», conclut Volodymyr Datsenko.
(Adaptation par Thibault Gilgen)