De nouveaux détails ne cessent d’émerger sur l’attentat qui a coûté la vie à Daria Douguine. La voiture de la jeune femme a explosé samedi dernier dans la banlieue de Moscou, alors qu'elle venait d'y monter. Son père et allié de Vladimir Poutine, Alexander Douguine, était probablement le principal visé. Il a échappé de peu à l’attaque.
Ilya Ponomarev, opposant russe en exil, affirme désormais avoir la preuve que les partisans russes de l'«Armée républicaine nationale» (NRA) sont à l’origine de cet acte. Le groupe se serait constitué dans le but de renverser Vladimir Poutine et son gouvernement. Son existence n’a pas été confirmée de manière indépendante. Il n’a pas revendiqué officiellement l’attaque.
«Ils m’ont informé qu'une attaque était imminente. Ils ne m’ont pas dit exactement ce qui allait se passer, mais ils parlaient certainement de cet attentat», rapporte Ilya Ponomarev au quotidien «Die Welt». Après l’acte, il aurait reçu des photos prouvant que la NRA est responsable. Il refuse de diffuser ces images, expliquant craindre des représailles pour les auteurs.
Un bouc émissaire?
Ilya Ponomarev confirme lors de cet entretien avec nos confrères que le père et sa fille étaient visés: «Lorsqu’ils ont appuyé sur le bouton qui a déclenché la bombe, ils ont vu deux personnes dans le véhicule. Auparavant, Alexander Douguine et sa fille avaient été vus sur le parking, marchant vers la voiture. C’est pourquoi les auteurs de l'attentat pensaient qu’ils étaient encore ensemble dans le véhicule.»
Aucune information sur l’identité d’une éventuelle seconde victime de l’attentat n’a circulé. «C’est curieux, non?», interroge Ilya Ponomarev.
Du côté russe, les autorités accusent l’agent ukrainienne Natalja V.* d’être derrière l’explosion. «C’est n’importe quoi, ils ont trouvé un bouc émissaire», selon Ilya Ponomarev. Il l’aurait aidée à fuir la Russie pour l’Estonie. «Nous ne pouvions pas laisser une Ukrainienne risquer une arrestation.» Pour l’opposant russe, cette fuite arrangerait le gouvernement de Vladimir Poutine qui n’aurait ainsi pas à mener un procès fictif.
Pas de revendication officielle par crainte
Dans l’interview, Ilya Ponomarev avance être en contact au quotidien avec la NRA. «Je leur ai mis mon canal Telegram à disposition pour transmettre leurs revendications. C’est plus sûr parce que je suis en Ukraine.» Ilya Ponomarev affirme qu’il ne fait pas lui-même partie des fondateurs de la NRA, n’étant pas sur sol russe, «mais je les soutiens et je fais passer leurs messages».
Il ne peut rien dire sur le nombre de membres de ce prétendu groupe de résistance, car il n’existe pas de chiffres officiels. Mais il suppose qu’entre 500 et 1000 personnes œuvrent pour la NRA.
Dans l’interview, Ilya Ponomarev explique que la NRA n’a pas officiellement revendiqué l’attentat car «la majorité de l’opposition a peur». Les membres de l’organisation craignaient d’être liquidé discrètement par le gouvernement de Vladimir Poutine, par exemple grâce à l’agent neurotoxique Novitchok. Mais l’opposant en exil avance que cela ne va pas empêcher la NRA de planifier d’autres attentats.
* Nom connu