Conférence sur la sécurité
Que retient-on des dernières déclarations des dirigeants à Munich?

Dans un contexte de guerres et d'exactions de toutes parts, la Conférence sur la sécurité de Munich rassemble de nombreux dirigeants du monde entier. Entre accusations, promesses et attentes. Tour d'horizon.
Publié: 18.02.2024 à 06:06 heures
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Dernière mise à jour: 18.02.2024 à 08:14 heures
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Le politicien russe d'opposition Navalny est mort vendredi en détention en Russie.
Photo: keystone-sda.ch
Raphael Rauch

Munich se montre sous son plus beau jour. Ciel bleu, soleil éclatant: les premiers signes du printemps accueillent les VIP de la politique mondiale vendredi à la Conférence sur la sécurité de Munich. Dans un contexte d'horreurs guerrières à Gaza, en Ukraine ou en Afrique, on cherche des lueurs d'espoir. Mais les dernières nouvelles ne sont pas moins sanglantes.

«La Russie est responsable de la mort de Navalny»

La nouvelle de la mort du politicien d'opposition russe Alexeï Navalny suscite l'indignation. «Quelle que soit l'histoire racontée par Moscou: La Russie est responsable», appuie la vice-présidente américaine Kamala Harris.

C'est ensuite au tour de Ioulia Navalnaïa de monter sur scène. D'une voix fragile, mais avec un sérieux déterminé, la veuve déclare: «Poutine ment. Il ne restera pas impuni. Il devra payer et rendre des comptes. Et ce jour arrivera bientôt.» Elle appelle la communauté internationale à «combattre ce terrible régime. Poutine doit être tenu personnellement responsable de toutes les atrocités qu'il a commises». Le public, debout, ovationne l'économiste. Une maigre consolation qui ne peut guère atténuer la douleur causée par la mort de son mari.

Kamala Harris se veut rassurante

A Gaza, la guerre fait toujours rage, et les Palestiniens, entassés dans des camps de fortune aux alentours de Rafah, subissent toujours les bombardements israéliens.

La paix n'est pas non plus en vue en Ukraine et au Yémen. A ce sujet, la vice-présidente américaine tente de dissiper les doutes sur le rôle de leader de l'Amérique: ce sont surtout les républicains qui s'opposent aux milliards versés à l'Ukraine. Donald Trump affirme qu'il peut mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures. Les observateurs s'attendent à ce que le candidat à la présidence soit prêt à faire un compromis avec Poutine et sacrifier des régions de l'Ukraine.

Un engagement clair en faveur de l'OTAN

De manière démonstrative, Kamala Harris invoque la solidarité avec l'Ukraine et fait une profession de foi en faveur de l'OTAN: «Nous fournirons des armes à l'Ukraine. Un échec serait un cadeau pour Poutine. L'OTAN est centrale pour notre sécurité globale. Un attentat contre un membre de l'organisation est un attentat contre tous les membres.»

La seule Suissesse à avoir son mot à dire pendant la conférence sur la sécurité est Mirjana Spoljaric Egger. La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est sous pression: elle doit faire des économies massives et a supprimé des milliers de postes. A cela s'ajoute la critique des parties au conflit selon laquelle le CICR ne se comporte pas de manière neutre. Israël est déçu que la Croix-Rouge ne libère pas plus d'otages. Quant à l'Ukraine, elle soupçonne l'organisation d'être trop compréhensive à l'égard de Moscou. A Munich, Mirjana Spoljaric Egger fait plusieurs fois référence à la neutralité de la Croix-Rouge et au droit international humanitaire. Des mots qui n'ont malheureusement que peu de résonance face aux atrocités aux quatre coins du globe. 

Sommet de la paix prévu pour le premier semestre 2024

Samedi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est adressé à l'opinion publique mondiale. Mais de sa part aussi, les formules de persévérance ont pris le pas sur les espoirs de paix. Il a appelé les dirigeants occidentaux à livrer plus d'équipements militaires à son pays pour repousser la Russie, en insistant sur l'importance des armes de longue portée.

Jusqu'à présent, le projet de la Suisse d'organiser une conférence de paix pour l'Ukraine à Genève n'a joué aucun rôle à Munich. La présidente de la Confédération Viola Amherd et le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis avaient plaidé en ce sens lors du Forum économique mondial de Davos. Mais là encore, aucune percée n'a été réalisée.

Le Conseil Fédéral reste discret sur ses projets, mais on sait que Berne travaille d'arrache-pied pour que la conférence ait lieu avant la fin du premier semestre 2024. Au lieu d'un printemps munichois, il y aurait idéalement un été genevois – un conte de fées estival est en revanche considéré comme improbable. En effet, la Russie refuse toujours d'entamer des négociations de paix. La Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Inde n'ont pas non plus montré d'intérêt pour la démarche de paix de la Suisse jusqu'à présent. Et les Etats-Unis estiment que la démarche de Berne est prématurée. Il reste beaucoup à faire.

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