D'abord la frénésie festive, puis le confinement: l'île grecque de Mykonos est actuellement plongée dans le chaos à cause du Covid. Un couvre-feu nocturne est en vigueur depuis samedi. Des restrictions de contact et une interdiction de musique sont également en vigueur entre 1h et 6h du matin. La situation sur l'île est des plus confuses. Les hôtels de quarantaine sont surpeuplés. Ceux qui ne peuvent pas obtenir de place se retrouvent dans la rue et doivent passer la nuit sur la plage.
D'innombrables touristes suisses sont également touchés par la quarantaine. Des dizaines de lecteurs de Blick ont contacté la rédaction pour signaler la situation bouleversante sur l'île.
L'un d'eux est Alex Speranza, de Dübendorf (ZH). Il s'est rendu sur l'île avec ses copains la semaine dernière. «Nous étions vraiment impatients d'arriver. Les premiers soirs, nous avons pu faire la fête à fond», raconte le Suisse. Mais le Covid, trouble-fête, n'a pas tardé à frapper à la porte des discothèques. «D'un jour à l'autre, tout était différent», soupire Alex Speranza, qui séjourne à Paradise Beach.
Des boîtes de nuit sans musique
Mykonos, dit-il, est passée du statut de temple de la fête à celui d'île fantôme. «C'est une atmosphère très étrange. Les bars et les clubs sont toujours ouverts, mais ils ne sont plus autorisés à diffuser de la musique.»C'est là que se déroulent parfois des scènes abstruses. «Les gens louent un salon dans un bar pour 1000 euros et se font servir des bouteilles de vodka», rapporte Alex Speranza. «Ensuite, ils s'assoient dans le salon et discutent. Les pistes de danse sont désertes car il n'y a pas de musique.»
Sur les plages, même ambiance. Les touristes se rassemblent toujours mais restent assis sous leurs parasols. L'heure de fermeture est fixée à 1 heure du matin. «Les gens doivent alors quitter les bars et les clubs; mais ils migrent simplement dans la rue», rapporte-t-il.
Personne n'a voulu vérifier à l'aéroport
Alex Speranza et ses copains sont déçus. «Bien sûr que ça nous ennuie. Nous voulions faire la fête, mais nous sommes obligés de nous restreindre», confie-t-il. «D'un autre côté, ce n'est pas plus mal. Nous sommes peut-être plus âgés que la moyenne ici, nous sommes donc assez fatigués suite à nos premières longues nuits festives.»
Le Zurichois n'est pas surpris que le nombre de cas Covid soit monté en flèche à Mykonos. «Personne ne respecte les règles d'hygiène habituelles ici, dénonce-t-il. L'on ne voit pratiquement pas de masques et les distances ne sont de toute façon pas respectées». Toute sa bande de copains est vaccinée contre le Covid-19. «Mais personne ne nous a contrôlés, et encore moins demandé le certificat.»
Les Suisses étaient si étonnés qu'ils ont posé la question au contrôle d'immigration après leur arrivée à l'aéroport. «Nous voulions montrer au personnel de l'aéroport que nous avions été vaccinés. Mais ils nous ont refoulés et ont dit qu'ils ne feraient que des contrôles aléatoires.»
Comment les clubs contournent les mesures
Luca*, qui souhaite rester anonyme par crainte de son employeur, fait également état du laxisme des contrôles. «Personne ne s'en soucie. Ce n'était qu'une question de temps avant que le nombre de cas ici n'augmente à nouveau.» Le Suisse est également à Mykonos avec un groupe d'amis. «Comme tous les touristes ici, nous voulions laisser la vie quotidienne derrière nous, mais aussi échapper à la pandémie», déplore-t-il. Mais l'insouciance des vacances et des fêtes n'est plus de mise pour Luca et ses compagnons. «Nous devons respecter le confinement».
Mais le Suisse dénonce également les clubs et les bars qui n'ont pas respecté les nouvelles mesures dimanche et lundi dernier: «Certains bars ont soudainement recommencé à diffuser de la musique pendant une dizaine de minutes dans la journée». Probablement pour montrer qu'ils sont toujours là. «Le problème est qu'à Mykonos, contrairement à Athènes, il n'y a pratiquement pas de policiers», rapporte-t-il.
Et 1h du matin ne signerait, en réalité, pas la fin de toutes les bringues. «Notre bar n'a pas fermé tôt, comme proscrit, le lundi», affirme Luca. Les touristes ont continué à faire la fête - malgré le couvre-feu officiel.
Les touristes suisses vont-ils se retrouver sans-abri?
Luca réfléchit désormais au voyage de retour. «Des contrôles ponctuels sont effectués à l'aéroport. Il est possible que nous devions effectuer un test Covid.» S'il s'avère positif, notre témoin et ses amis seront coincés à Mykonos pendant quinze jours. «Mais les hôtels de quarantaine sont déjà tellement surpeuplés qu'il n'y a pratiquement plus de place pour nous», craint-il.
Ils pourraient alors se retrouver à la rue. Et ils devraient probablement passer la nuit sur la plage comme les autres touristes. «Nous avons peur de devenir sans-abri», déplore-t-il. Mais il ne veut pas y penser davantage pour le moment. «Nous essayons de profiter un maximum de nos derniers jours à Mykonos malgré tout, et nous espérons une fin heureuse à ce voyage...»
*Nom modifié par la rédaction