Israël voulait sa mort à tout prix. Rien d'étonnant à cela: Yahya Sinouar est responsable de l'attaque sanglante contre Israël du 7 octobre 2023, ce qui a fait du chef du Hamas l'un des cerveaux les plus recherchés de l'organisation palestinienne. Selon les données israéliennes, 1198 personnes avaient été tuées lors de l'attaque et 251 autres avaient été emmenées en otage dans la bande de Gaza.
Israël a alors ouvert la chasse à l'homme de 61 ans. Le ministre israélien de la Défense Joav Gallant a affirmé en novembre 2023: «Nous trouverons Sinouar et nous l'éliminerons.»
Aujourd'hui, la promesse a été tenue. Selon l'armée israélienne, Sinouar a été tué mercredi à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Après que lui et deux autres hommes armés ont été découverts un peu par hasard, Yahya Sinouar s'est caché dans une maison et un char israélien a tiré une grenade dans le bâtiment, a rapporté le journal «The Times of Israel».
Caché dans un réseau de tunnels très complexe
Yahya Sinouar avait fait sa dernière apparition publique le 7 octobre. Après le massacre en Israël, le chef du Hamas s'est caché. Pour cela, il a probablement utilisé le vaste réseau de tunnels secrets sous la bande de Gaza. On dit qu'il se serait toujours entouré d'otages en guise de bouclier humain.
Le Hamas travaille depuis les années 90 sur son réseau de tunnels extrêmement complexe. Le nombre exact de tunnels n'est pas connu. Les experts estiment toutefois que leur longueur totale serait d'environ 480 kilomètres. De même, on suppose que les tunnels mesurent en moyenne un kilomètre de long et au maximum 40 mètres de profondeur.
Et c'est précisément dans un tel tunnel que le chef du Hamas a été vu pour la dernière fois. Une caméra de surveillance de l'organisation terroriste a enregistré la disparition de Yahya Sinouar dans l'obscurité, le 10 octobre, avec sa femme et ses trois enfants, à travers un tunnel étroit. L'armée israélienne a eu accès aux enregistrements quelques mois plus tard.
Chasse sanglante à la bombe et à la roquette
Pour capturer Yahya Sinouar, Israël a misé sur un mélange d'espionnage, de technologie et de violence. Jusqu'à parfois bombarder des bâtiments, sans se soucier des pertes. De nombreux civils ont été blessés et tués. Selon les données des autorités sanitaires du Hamas, qui ne peuvent pas être vérifiées de manière indépendante, plus de 42'400 personnes auraient été tuées. Tout cela dans le but de pousser le chef du Hamas dans ses retranchements et finalement de le tuer.
Israël a misé sur une équipe composée d'agents de renseignement, d'unités spéciales des Forces de défense israéliennes (FDI), d'ingénieurs militaires et d'experts en surveillance sous l'égide du Shabak, le service de sécurité israélien, afin de retrouver Yahya Sinouar.
Il s'est réfugié dans une maison
Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré après la mort de Sinouar que les attaques avaient forcé le chef du Hamas à commettre «l'erreur» décisive de quitter le système de tunnels. «Il a quitté le tunnel et s'est rendu dans un immeuble d'habitation». C'est la version donnée par Tsahal.
Selon l'armée israélienne, des soldats de la 828e brigade sont tombés mercredi sur trois militants palestiniens lors d'une patrouille de routine à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari, a déclaré que l'armée était déjà intervenue ces dernières semaines dans le quartier de Tel Sultan afin d'enquêter sur des informations selon lesquelles des dirigeants du Hamas de haut rang se trouvaient probablement dans ce quartier.
Mercredi, ils ont découvert «trois terroristes» qui allaient de maison en maison. Les soldats ont ouvert le feu et ont dispersé le groupe. «Sinouar a fait irruption seul dans un bâtiment et nos forces ont inspecté la zone avec un drone», a déclaré Hagari.
Pas de téléphone portable, pas d'ordinateur, pas de téléavertisseur
À l'aube de la traque, il semblait inimaginable de devoir attendre plus d'une année pour retrouver Yahya Sinouar. «Si on m'avait dit au début de la guerre qu'il serait encore en vie 12 mois plus tard, j'aurais trouvé cela étonnant», a déclaré à «The Guardian» Michael Milshtein, ancien directeur du département des affaires palestiniennes du service de renseignement militaire israélien (Aman).
Il est probable que le chef du Hamas ait renoncé à toute communication électronique. Pas de téléphone portable, pas d'ordinateur, pas de téléavertisseur. Rien qui ne permette de laisser des traces que ses poursuivants auraient pu exploiter. Il a probablement utilisé quelques coursiers en qui il avait confiance pour continuer à contrôler le groupe terroriste et à donner des ordres. C'est d'ailleurs ainsi que les États-Unis avaient retrouvé à l'époque la trace de l'ancien chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden (1957-2011). C'est pourquoi Israël a également tenté de localiser un tel coursier, mais sans succès.
Au final, le hasard a probablement joué en la faveur d'Israël et a été fatal à Yahya Sinouar.