Armes nucléaires, méfiance ou géographie ? Frustrée, l'Ukraine s'interroge sur les raisons de la réticence de ses alliés à l'aider davantage militairement face à la Russie, après une attaque aérienne iranienne contre Israël ce week-end repoussée avec succès notamment grâce au soutien occidental.
Bombardée quotidiennement par son voisin russe, l'Ukraine est le théâtre depuis plus de deux ans du pire conflit armé en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes.
Alors que l'aide occidentale s'essouffle, notamment en raison de divisions politiques au Congrès américain, la situation sur le front s'est récemment dégradée pour Kiev, qui exhorte depuis des mois ses partenaires à lui livrer davantage d'armements et de systèmes de défense antiaérienne.
«La même chose est possible pour protéger l'Ukraine»
Dans ce contexte, le soutien militaire occidental qui a aidé Israël à intercepter la quasi-totalité de missiles et drones explosifs iraniens a suscité une profonde amertume à Kiev. «En défendant Israël, le monde libre a démontré qu'une telle unité est non seulement possible, mais aussi efficace à 100%», a relevé le président Volodymyr Zelensky lundi soir. «La même chose est possible pour protéger l'Ukraine», a-t-il affirmé.
La veille, il avait juré que «ce n'est pas la rhétorique qui protège le ciel», exhortant les soutiens de Kiev à ne pas «fermer les yeux sur les missiles et les drones russes» qui visent l'Ukraine. Un appel répété lundi par son chef de la diplomatie, Dmytro Kouleba.
«Tout ce que nous demandons à nos partenaires – même si vous ne pouvez pas agir comme vous le faites en Israël – c'est de nous donner ce dont nous avons besoin et nous ferons le reste du travail», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse.
Fortes réactions sur les réseaux sociaux
Le débat sur les raisons de cette réticence occidentale anime aussi les réseaux sociaux, de nombreux Ukrainiens l'expliquant par la peur des Occidentaux face à l'arsenal nucléaire russe. «On ne nous aide pas, car nous n'avons pas de quoi faire peur aux autres», a ainsi écrit sur Facebook Dmytro Zolotoukhine, un analyste politique ukrainien.
D'autres, comme Valery Pekar, professeur dans une école de commerce à Kiev, ont rappelé le partenariat de longue date qui lie Israël aux Occidentaux, contrairement à l'Ukraine, qui a longuement hésité entre rapprochement avec l'Occident ou le voisin russe. D'autres internautes ont par ailleurs noté qu'il est plus facile de protéger Israël – avec sa superficie de 22'000 km2 – que l'Ukraine, pays le plus vaste d'Europe et s'étendant sur 603'000 km2.
(AFP)