Déplorant «une tragédie et un désastre qui ne devraient pas s'être produits», le président sud coréen Yoon Suk-yeol a promis que son gouvernement enquêterait «rigoureusement» pour déterminer les causes de la catastrophe, une des plus graves de l'histoire récente de la Corée du Sud.
«J'ai le cœur lourd et il m'est difficile de contenir mon chagrin», a ajouté dans une allocution télévisée à la nation le chef de l'Etat, qui s'est rendu dimanche matin le lieu du drame, vêtu de l'uniforme vert des secours d'urgence, et a décrété le deuil national.
Une nuit cauchemardesque
Corps alignés sur le trottoir sous des couvertures ou autres linceuls de fortune, massages cardiaques pratiqués dans la rue par des passants à la demande des pompiers débordés, personnes déguisées ou en tenue de soirée courant dans la panique: la nuit a viré au cauchemar dans le quartier d'Itaewon, situé près d'une ancienne base militaire américaine et connu pour son atmosphère cosmopolite, ses bars et ses lieux de fête en tout genre dans un dédale d'étroites ruelles.
«Mon ami m'a dit: il y a quelque chose de terrible qui se passe dehors», a raconté Jeon Ga-eul, 30 ans, qui buvait un verre dans un bar au moment du drame. «Je lui ai répondu: mais qu'est-ce que tu racontes? Je suis sorti pour voir, et j'ai vu des gens qui faisaient des massages cardio-respiratoires.»
L'accident, l'un des pires de l'histoire récente de la Corée du Sud, s'est produit samedi soir vers 22h00 (15h00 en Suisse) près de l'hôtel Hamilton, situé sur une avenue principale entourée de ruelles en pente raide. Le mouvement de foule a fait au moins 151 morts, dont 19 étrangers de diverses nationalités, 97 femmes et 54 hommes, ont indiqué les pompiers à l'AFP.
Les chiffres des blessés étaient divergents, le ministère de l'Intérieur en comptabilisant environ 150 et les pompiers 82. Parmi les étrangers tués figurent des personnes originaires d'Iran, d'Ouzbékistan, de Chine et de Norvège, selon l'agence Yonhap. Selon les autorités de Séoul, 355 personnes avaient par ailleurs été signalées comme manquantes tôt dimanche matin.
«Comme dans une tombe»
««Les gens étaient les uns sur les autres comme dans une tombe. Certains perdaient connaissance progressivement, d'autres étaient manifestement morts», a déclaré un témoin non-identifié à l'agence de presse Yonhap.
Dans une interview à la chaîne de télévision locale YTN, Lee Beom-suk, un médecin qui a administré des premiers soins aux victimes, a décrit des scènes de chaos et d'horreur. «Lorsque j'ai tenté pour la première fois de pratiquer un massage cardiaque, il y avait deux victimes allongées sur le trottoir. Mais peu après le nombre a explosé», a-t-il raconté.
«De nombreux passants sont venus nous aider à pratiquer des massages cardiaques», a-t-il poursuivi. «C'est difficile à décrire avec des mots (...) Beaucoup de victimes avaient le visage pâle. Je ne pouvais pas prendre leur pouls ou contrôler leur respiration, et beaucoup d'entre elles avaient le nez en sang. Lorsque j'ai essayé de les réanimer, du sang est sorti de leur bouche.»
Une vidéo partagée sur Twitter par une internaute déclarant s'être trouvée à Itaewon au moment du drame montre des centaines de personnes, pour la plupart très jeunes et en tenue de cowboy, de pirate ou autres accoutrements, dans une rue bordée de bars. La scène, calme au départ, tourne brusquement à la confusion. Les passants sont poussés et tombent les uns sur les autres, on entend des hurlements et une femme jurer en anglais et crier: «Oh mon Dieu! Oh mon Dieu!»
Première fête après le Covid
Dimanche à l'aube dans le quartier, des passants hébétés étaient assis sur le trottoir, consultant leurs téléphones à la lueur des gyrophares rouges. D'autres se réconfortaient en se serrant dans les bras les uns des autres, tandis que de la musique s'échappait encore de certains bars, selon un photographe de l'AFP sur place.
Environ 100'000 personnes, selon les estimations des médias locaux, étaient venues à Itaewon pour cette fête d'Halloween, la première dans la capitale sud-coréenne depuis la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle les grands rassemblements avaient été proscrits.
Le maire de Séoul, Oh Se-hoon, qui se trouvait en visite en Europe, a décidé de rentrer précipitamment, selon Yonhap. De nombreux dirigeants internationaux ont fait part de leur consternation.
Condoléances d'Ignazio Cassis
Le président de la Confédération Ignazio Cassis a exprimé dans la soirée sur Twitter ses condoléances «aux familles des victimes et à toutes les personnes affectées par la tragédie». «Le peuple sud-coréen est dans mes pensées», a-t-il écrit.
De nombreux autres dirigeants ont fait part de leur consternation. «Nous pleurons avec le peuple de la République de Corée et adressons nos meilleurs vœux de prompt rétablissement à tous ceux qui ont été blessés», a déclaré dans un communiqué le président américain Joe Biden, ajoutant que les Etats-Unis «se tiennent au côté de la République de Corée pendant cette période tragique».
Son homologue français Emmanuel Macron a exprimé «une pensée émue pour les habitants de Séoul et pour l'ensemble du peuple coréen». «La France est à vos côtés», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s'est dit «profondément attristé par les terribles événements».
«Les événements tragiques de #Séoul nous bouleversent profondément, nos pensées vont aux nombreuses victimes et à leurs familles. C'est un triste jour pour la Corée du Sud», a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a quant à lui adressé ses «sincères condoléances au peuple sud-coréen».
(ATS)