Huit mois avant la présidentielle
Le procès historique (et le plus grave) de Donald Trump débutera en mars

L'ancien président américain Donald Trump sera jugé à partir de mars 2024 à Washington pour ses actions lors de l'élection de 2020. Il s'agit du procès potentiellement le plus grave de tous ceux qui l'attendent.
Publié: 28.08.2023 à 19:18 heures
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Dernière mise à jour: 28.08.2023 à 20:47 heures
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Donald Trump accumule les déboires judiciaires, ce qui lui a valu ce «mugshot».
Photo: IMAGO/ZUMA Wire

L'ex-président américain Donald Trump sera jugé à partir du 4 mars 2024 par un tribunal fédéral à Washington pour ses tentatives d'inverser le résultat de l'élection de 2020. Le procès se tiendra en pleine campagne pour reprendre la Maison Blanche.

La juge Tanya Chutkan, qui présidera les débats, a tranché lundi sur cette date lors d'une audience consacrée aux propositions des deux parties. Le procureur spécial Jack Smith souhaitait que le procès débute le 2 janvier 2024, un délai trop court selon elle pour lui permettre de se préparer. La défense réclamait une échéance lointaine, en avril 2026, «bien au-delà de ce qui est nécessaire», selon la juge.

Premier procès d'une longue liste

Cette date n'a aucun caractère hâtif, a ajouté la magistrate, soulignant que le procès s'ouvrirait exactement trois ans, deux mois et six jours après l'assaut du Capitole, le 6 janvier 2021. Des centaines de partisans de Donald Trump, chauffés à blanc, avaient envahi le siège du Congrès pour y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

Il s'agira du premier procès au pénal pour le favori des primaires républicaines, qui doit aussi être jugé à partir de fin mars 2024 dans l'Etat de New York pour des paiements suspects à une ancienne actrice de films X, en mai 2024 par un tribunal de Floride pour sa gestion négligente de documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche.

La date de son procès dans une quatrième affaire, celle de pressions électorales en Géorgie en 2020, n'a pas encore été fixée. Cette inculpation lui a valu la semaine dernière sa prise de photo d'identité judiciaire, un cliché déjà historique pour un ancien président.

«Crimes historiques»

Sans surprise, la juge Chutkan a balayé la plupart des arguments de la défense qui réclamait deux ans et demi, soit l'équivalent de la durée de l'enquête, pour examiner les documents de l'accusation. «Vous n'allez pas avoir deux ans de plus, cette affaire ne sera pas jugée en 2026», a-t-elle déclaré lundi.

L'avocat de Donald Trump, John Lauro, s'est indigné avec véhémence contre la proposition de date de l'accusation, en janvier 2024. «Vous demandez un procès spectacle, pas un procès rapide», a-t-il lancé à l'audience.

Pour l'accusation, la procureure Molly Gaston a invoqué «l'intérêt public extraordinaire pour un procès rapide», compte tenu du fait que «le prévenu est accusé de crimes historiques» pour un président en exercice au moment des faits.

«Une crapule»

La juge avait déjà mis en garde Donald Trump contre toute «déclaration incendiaire susceptible de polluer la sélection du jury», qui ne pourrait qu'encourager la magistrate à fixer une date rapprochée pour le procès.

Cela n'a pas empêché le milliardaire républicain d'accuser sans preuves lundi le président Joe Biden d'être responsable de ses inculpations, le qualifiant à nouveau de «crapule». Les deux hommes pourraient une nouvelle fois être opposés lors de la présidentielle de novembre 2024.

Il n'était pas clair dans l'immédiat quelles conséquences cette nouvelle date pourrait avoir sur le calendrier judiciaire chargé de Donald Trump, bien que la juge Chutkan ait indiqué avoir avisé de sa décision sa collègue en charge du procès à New York.

«Je suppose que les quatre juges en charge de ces dossiers ont tenté de coordonner l'ordre des procès et que les procureurs de New York et de Géorgie reporteront les leurs par déférence pour les affaires fédérales», avait expliqué à l'AFP avant l'audience Carl Tobias, professeur de droit à l'université de Richmond.

Situation inédite

Pour Whit Ayres, un consultant politique républicain, un acquittement de Donald Trump à son premier procès à venir, quel qu'il soit, contribuerait à rendre irréversible son avance dans les primaires républicaines. «Je ne vois pas comment il serait possible de l'arrêter» dans sa course à l'investiture, a-t-il dit.

«Mais s'il est condamné pour une accusation grave, je ne sais pas comment les gens réagiraient, a-t-il poursuivi, parce que nous n'avons jamais connu de situation qui ressemble de près ou de loin à celle-ci.»

(ATS)

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