François Hollande ne cache pas ses doutes: impossible, à ce stade, d’être assuré de la capacité du camp occidental à surmonter les «bouleversements» provoqués par la guerre en Ukraine déclenchée le 24 février par Vladimir Poutine. «Bouleversements»: tel est d’ailleurs le titre du livre que l’ancien président français viendra, mercredi 12 octobre, présenter à la librairie Payot à Genève, après avoir débattu sur le plateau de Léman Bleu.
Blick l’a également rencontré à cette occasion. Nous publierons l’intégralité de l’entretien ce mercredi.
Pas de neutralité possible pour l’Union européenne
Un sujet est en tout cas déjà écarté par l’ancien président français, qui connaît bien Vladimir Poutine: l’Union européenne ne peut pas être neutre dans ce conflit. François Hollande l’avait longuement rencontré et avait négocié avec lui les accords de Minsk sur l’Ukraine en septembre 2014, après l’invasion russe de la Crimée.
L’ancienne Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a, dans un livre préfacé par l’ex-locataire de l’Elysée, avancé l’idée d’une neutralité «à la Suisse» pour l’UE – elle lui permettrait d’assurer sa souveraineté sans participer à de futurs conflits. La réponse est sans appel: «Je connais bien cette question de la neutralité. Elle n’est pas une option pour l’Union européenne. Et j’ai de sérieux doutes sur la possibilité de rester neutre aujourd’hui, pour un pays démocratique et européen, face aux menaces de Vladimir Poutine et aux prétentions des régimes autoritaires. Je sais qu’il y a en France et dans les pays voisins un fort courant pacifiste qui rêve d’une telle solution. Or c’est justement… un rêve.»
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L’avertissement, ce faisant, s’adresse aussi aux derniers pays européens neutres que sont la Suisse et l’Autriche, après la décision récente de la Finlande et de la Suède de rejoindre l’OTAN, l’Alliance atlantique dominée par les États-Unis. «Il est impossible aujourd’hui de se tenir à équidistance des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine. Il est impensable d’abandonner les sanctions contre la Russie, après ce que ce pays a fait à l’Ukraine.» Le débat politique français, avec François Hollande, n’est jamais loin: «Ceux qui prétendent le contraire aujourd’hui en France, en revendiquant l’héritage gaulliste ou Mitterrandien d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, trahissent l’histoire. L’antiaméricanisme les aveugle. Il ne suffira pas de reparler avec la Russie pour faire retomber la pression et faire disparaître les menaces. Ce n’est pas facile à accepter, mais Vladimir Poutine ne comprend qu’un langage: celui de la force.»
«Résistance active et sacrifices»
Son mot d’ordre? «La résistance active» qui impliquera des «sacrifices» pour les Européens. «Poutine mise sur notre fatigue poursuit François Hollande. Il pense, comme il me l’avait fait comprendre sans nuances lors de nos rencontres durant mon mandat présidentiel, que les démocraties vont se fatiguer et finir par céder. Il croit qu’un régime autoritaire comme le sien a plus de cartes en main. C’est à nous, collectivement, de démontrer le contraire.»
Rendez-vous mercredi pour l’intégralité de notre entretien.
François Hollande sera mercredi 12 octobre, de 17h à 18h30, l’invité de la Librairie Payot Rives à Genève pour présenter son libre «Bouleversements» (Ed. Stock). Conversation animée par Richard Werly. Il sera aussi l’invité de Laetitia Guinand dans «PoinG» sur Léman Bleu. Un rendez-vous géopolitique à ne pas manquer.