Me Antoine Vey est le défenseur français de Julian Assange, dont la libération a été annoncée tôt ce mardi matin 25 juin. Auteur de «Julian Assange, la plaidoirie impossible» (Ed. Plon), il clarifie la procédure en cours pour Blick, alors que son client est dans un avion, en partance pour l’Australie, son pays d’origine.
Julian Assange est libéré, c’est fait?
Non, le processus est toujours en cours. Sa libération a été annoncée de façon prématurée par les médias, et tout le monde se réjouit bien sûr de cette issue, après tant d’années de détention. Notre rôle d’avocats est toutefois de commenter des procédures finalisées, et abouties. Si celle-ci se confirme, Julian devra se présenter devant un juge. Il n’en a pas encore fini avec la justice et les dix-huit chefs d’inculpation pour lesquels il est poursuivi, dont celui d’espionnage. Ceci, de façon totalement injustifiée car le véritable enjeu a toujours été la liberté d’informer.
Pourquoi avoir annoncé cette libération alors?
Vous imaginez la joie de tous ceux qui le soutiennent depuis tant d’années. Julian Assange a été incarcéré dans l’enceinte de l’ambassade de l’Équateur, puis dans une prison de haute sécurité au Royaume-Uni où je l’ai visité plusieurs fois. C’est un homme très diminué sur le plan psychologique et physique. Ses conditions de détention étaient très difficiles. Il savait ce qu’une possible extradition vers les Etats-Unis voulait dire. Maintenant, attendons de voir. Il faut, je le répète, que l’accord de plaider-coupable soit homologué par un juge. Ce processus est compliqué. Nous sommes en plein dedans.
La justice américaine est donc devenue «raisonnable» ?
Disons que la justice américaine, qui l’a poursuivi pour des motifs d’inculpation abusifs depuis tant d’années, a compris que son acharnement ne rend service ni à la démocratie, ni… à la justice. Julian Assange n’est pas un criminel. Il a mis en lumière, avec Wikileaks, la liberté d’informer et la nécessité de se battre pour la préserver. La loi sur l’espionnage qui a servi à l’inculper remonte à 1917!
L’accord judiciaire sera bientôt officiel. Peut-être dans la journée. L’épilogue est en train de se dérouler sous nos yeux et il ne faudra jamais oublier ce que fut son combat, et celui de Wikileaks. C’est notre liberté d’être informé, de façon fiable et transparente, qui était en cause dans l’affaire Julian Assange.
A lire: «Julian Assange, la plaidoirie impossible» de Me Antoine Vey (Ed. Plon)