Les Parisiens s’en doutaient. Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur) et Laurent Nunez (préfet de Police) viennent de le confirmer: les Jeux Olympiques de Paris seront un casse-tête urbain inédit, dans la ville qui accueillit voici un siècle les premiers JO de l’ère moderne, en 1924.
Plus qu’un casse-tête d’ailleurs: un inextricable enchevêtrement de régulations sécuritaires, urbaines, fluviales, pour aboutir à une compétition sans précédent, puisque pour la première fois dans l’histoire des Jeux, la cérémonie d’ouverture du 26 juillet aura lieu hors d’un stade, sur la Seine, avec plusieurs milliers d’athlètes répartis sur des barges qui traverseront la capitale d’est en ouest. 45'000 policiers et militaires, soit l’équivalent de quatre divisions de l’armée, seront déployés pour déjouer toutes les menaces, criminelles, climatiques ou terroristes. Avec déjà une polémique: celle déclenchée par la suppression de la croix du dôme des Invalides sur l'affiche dévoilée cette semaine. Pour éviter d'apparaitre comme des jeux trop «chrétiens» ? «Ils sont prêts à nier la France jusqu'à travestir la réalité» tonne déjà une partie de la droite française.
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QG des Jeux en dehors de Paris
Mais revenons au mécano urbain, routier et sécuritaire. Les sites olympiques d’abord. L’on sait que le quartier général des Jeux ne sera pas à Paris, mais à Saint-Denis, au nord de la ville, où le village des athlètes vient d’être inauguré. C’est par ailleurs au Bourget, encore plus au nord, à mi-chemin entre le centre de Paris et l’aéroport Charles de Gaulle que sera installé le village des médias, où des milliers de journalistes se retrouveront chaque jour, du 26 juillet au 11 août, puis du 28 août au 8 septembre, pour les Jeux Paralympiques.
Mais attention: plusieurs sites parisiens intra-muros seront aussi réquisitionnés, car des épreuves s’y dérouleront. Il s’agit du Trocadéro, du Champ de Mars, des Invalides et du Grand Palais. Dans ces parages, personne ne pourra circuler en voiture sans autorisation préalable, à obtenir via une plateforme numérique qui sera en ligne en avril.
Vols d’ordinateurs
Un début de panique a saisi les responsables du Comité d’organisation des JO après deux affaires de vols problématiques d’ordinateurs contenant des plans du dispositif olympique. Le premier vol concernait un employé de la mairie de Paris qui s’est fait dérober son ordinateur et deux clés USB. La seconde victime est une employée de l’hôpital Avicenne de Bobigny, qui se trouvera au centre des infrastructures sportives olympiques du nord de Paris, et sera donc directement concerné par tout l’aspect médical de la compétition.
«Aucun ne contenait de données sensibles», a rassuré mercredi matin à France Info le préfet de police Laurent Nunez, ancien patron de la sécurité intérieure. Le patron de l’ANSI, l’agence nationale de cybersécurité, s’est aussi montré rassurant. «Les Jeux olympiques vont être un formidable évènement, mais aussi une formidable cible», a prévenu sur la même radio Vincent Strubel. «Face aux risques d’«attaques très ciblées, tous les acteurs des Jeux étaient plutôt bien préparés».
Cauchemar pour les Parisiens
Et les secrets maintenant? Ils sont bien gardés, mais il est impossible que toutes les dispositions demeurent confidentielles. L’on sait maintenant que la jauge des spectateurs autorisés à suivre la cérémonie sur les berges de la Seine avec des billets sera de 326'000 personnes, contre 600'000 initialement envisagées.
L’on sait aussi que tous les immeubles situés en bordure du fleuve qui traverse Paris devront être perquisitionnés, sécurisés et déminés à l’avance. Les 94 barges et péniches utilisées pour la parade fluviale du 26 juillet seront amarrées à Paris trois semaines avant l’événement, soit dès le début juillet, et resteront sous surveillance constante des militaires. Seuls cinq ponts sur la Seine (il y en a 37 au total, sur 13 kilomètres) resteront ouverts à la circulation automobile à partir du début juillet. Ce ne sera donc plus un casse-tête pour les Parisiens, mais un cauchemar.
Préserver les bouquinistes
Un autre secret avait été éventé voici quelques jours: les autorités prévoyaient d’obliger les fameux bouquinistes des quais de Seine à fermer leurs boîtes à livres durant toute la durée des Jeux. La préfecture de police voulait même retirer ces boîtes, arrimées aux murs le long du fleuve. Or les bouquinistes, indissociables de l’image touristique de Paris, ont finalement eu gain de cause. C’est Emmanuel Macron en personne qui est intervenu. Sa décision est tombée le 13 février.
«Constatant qu’aucune solution consensuelle et rassurante n’a pu être identifiée avec ces acteurs, le président de la République a demandé au ministre de l’Intérieur et au préfet de police de Paris que l’ensemble des bouquinistes soient préservés, et qu’aucun d’entre eux ne soit contraint d’être déplacé», a tranché l’Élysée. Le chef de l’État manifeste ainsi, selon son entourage, «son attention, considérant qu’il s’agit d’un patrimoine vivant de la capitale».