Pas d'alcool aux JO de Paris
La sobriété française est à géométrie variable

Aux Jeux olympiques d'été de 2024 à Paris, l’alcool ne sera pas autorisé pour les spectateurs dans les stades. Mais il coulera bien dans les loges VIP. Et à la Coupe du monde de rugby cet automne.
Publié: 27.06.2023 à 18:59 heures
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Dernière mise à jour: 28.06.2023 à 08:52 heures
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Le président français Emmanuel Macron a déclenché une polémique en buvant une bière cul sec après la finale du championnat de rugby.
Photo: Richard Werly
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Richard WerlyJournaliste Blick

Emmanuel Macron ne pourra pas rééditer, lors des Jeux olympiques d’été de Paris 2024, sa «prouesse» du 17 juin dernier au Stade de France. Ce soir-là, en quelques secondes d’images, le président français s’est transformé en panneau publicitaire ambulant pour la bière sur les terrains de sport. Le Stade Toulousain venait de remporter la finale du Top 14 de rugby, le championnat français. Descendu dans les vestiaires des rugbymen de la ville rose, le chef de l’État s’est aussitôt encanaillé: une bière cul sec, bue au goulot. De quoi donner le ton avant la Coupe du monde de rugby qui se tiendra justement cette année en France, du 8 septembre au 28 octobre.

Jouer du coude aux compétitions olympiques

Impossible, en revanche, de jouer des coudes lors des compétitions olympiques. S’appuyant sur la loi Evin qui, depuis 1992, réglemente la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, le comité d’organisation des Jeux olympiques a décidé de se passer de boissons alcoolisées dans son offre de restauration destinée au grand public, sur l’ensemble des sites de compétition. L’été 2024 s’annonce donc sobre. Les dix millions de spectateurs attendus du 26 juillet au 11 août devront attendre de rejoindre les terrasses des cafés les plus proches pour se désaltérer avec de l’eau, des jus de fruits ou des sodas. Idem, a priori, lors de la cérémonie d’ouverture organisée sur la Seine, pour laquelle 500'000 spectateurs sont attendus. Au grand dam de nombreux parisiens inquiets de voir le cœur de leur ville pris d’assaut par la cohue de touristes et de curieux.


Le problème est que cette décision, confirmée lundi 26 juin, témoigne surtout d’une sobriété à géométrie variable. Car les invités des loges VIP, eux, pourront boire autre chose que des sodas durant les épreuves, après s’être acquittés d’un coûteux forfait. Le Huffington Post a poussé le bouchon sans tarder: «Sur le site officiel des Jeux, on peut ainsi trouver un menu 'comprenant le champagne à l’arrivée des invités et service au bar avec vins, bières.' Des prestations qui se payent: il faudra débourser plus de 5000 euros pour une personne pour la finale du 100 mètre masculin le 4 août 2024.»

Autre problème: comment justifier que la bière et ses compagnons alcoolisés, vin, champagne ou autres, soit boutés hors des enceintes de l’olympisme alors que la prochaine Coupe du monde de rugby, avec ses légions de supporters costauds et parfois colériques, tolérera leur présence?

Une France passionnée d’égalité

Dans une France passionnée d’égalité et toujours prête à se mobiliser en son nom, la distribution d’alcool à la carte est donc en passe de devenir la règle, au lieu de tout simplement prendre la décision de s’en passer dans tous les stades lors des compétitions. Ceux qui ont depuis longtemps compris que le sport version 2023 est avant tout un business XXL auront là du grain à moudre. Payez, et vous pourrez boire! Avec sa bière cul sec, dégustée à la va-vite dans un vestiaire toulousain inaccessible, Emmanuel Macron avait, le 17 juin, fait le geste inverse d’un Jacques Chirac, grand amateur de «Corona» au salon de l’agriculture.

Le proverbe français peut être aujourd’hui remanié: Dis-moi ce que tu bois et quand tu bois, je te dirai qui tu es…

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