Les funérailles sont prêtes à être célébrées. Les croquemorts préparent déjà la pierre tombale et l’épitaphe. «Ci-gît la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (NUPES), qui permit de sauver la gauche française en 2022 et la fit naufrager un an plus tard.» Vrai? Doit-on vraiment considérer que l’Union défendue avec succès par Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise a fait long feu? Pas si vite! La réalité est que les socialistes et les Verts (rebaptisés depuis peu les Écologistes) n’ont aucune stratégie de rechange. Et ils en auront encore moins si, comme les sondages le prédisent, leurs scores aux prochaines élections européennes de juin 2024 confirment leur déclin dans l’opinion…
Alors, morte ou vivante, la NUPES dont le fondateur et leader Jean-Luc Mélenchon reste le commandant en chef, avec pour priorité ces temps-ci de maintenir actif son réseau de solidarité internationale, du Maroc (où il était après le tremblement de terre du 8 septembre) à la République démocratique du Congo (où il vient de se rendre)? La réponse sera, d’abord, électorale et personnelle.
Alliance électorale
Électorale, parce que le peuple français de gauche sait que l’Union demeure la condition sine qua non pour espérer revenir au pouvoir et faire élire un président de la République en 2027 ou plus tard. 76% des sympathisants de gauche interrogés dans un sondage au printemps 2023 se prononçaient pour cette Union. D’accord, c’était avant la tragédie de Gaza et la polémique sur le Hamas. Mais quand même, les chiffres sont intraitables: sans union, pas de chance d’accéder à l’Élysée et beaucoup moins de chances d’envoyer des députés à l’Assemblée nationale au scrutin majoritaire (contre 75 élus Insoumis, 31 socialistes et apparentés et 23 écologistes en juin 2022).
Personnelle, parce que Jean-Luc Mélenchon a l’art de faire le vide autour de lui. Il tient l’appareil de son parti la France insoumise, où ses lieutenants sont impitoyables. Il maintient le flou sur ses intentions présidentielles, répétant qu’il ne sera pas candidat en 2027, mais qu’il pourrait l’être plus tôt en cas de scrutin anticipé. Mélenchon a aussi la légitimité des 22% recueillis au premier tour de la présidentielle 2022. Plus sa notoriété internationale, surtout dans les pays émergents en Afrique et en Amérique Latine. Loin devant le charisme très hexagonal d’un François Rufin, le député LFI de la Somme souvent cité comme «présidentiable».
La France populaire
Puis, il y a la France. Celle du peuple de gauche que le Rassemblement national de Marine Le Pen fait tout pour séduire, sur les traces du Parti communiste dont le RN domine désormais les ex-terres électorales, dans le Nord ou dans les ex-banlieues rouges. Mélenchon sait que «sa» France est celle, pour faire simple, de la fonction publique, de la jeunesse éduquée combative, et des populations d’origine étrangère, en particulier la diaspora arabe et africaine. C’est pour conserver sa voix dans cette France-là, qu’il se montre complaisant envers les thèses woke, qu’il refuse de désigner le Hamas comme groupe terroriste, et qu’il attaque le «New Green Deal» de l’Union européenne. A l’inverse, le PS est enlisé avec son image de parti des classes supérieures qui ont trahi le peuple. Et les écologistes sont retournés à leur démon français: le gauchisme peint en vert.
Pas encore enterrée
La NUPES n’est pas enterrée. Le «moratoire» demandé par le PS ne tient pas. Ce sont les listes autonomes aux élections européennes qui décideront de l’avenir de cette alliance. La NUPES est en fait aujourd’hui en mode survie. Elle mise sur le retournement de l’opinion si la tragédie perdure à Gaza, et sur le rejet du macronisme. Elle voit ses demandes satisfaites, comme le prouve la décision d’Emmanuel Macron, ce week-end, d’inscrire l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. Ceux qui creusent sa fosse, au cimetière des mouvements politiques, feraient mieux d’attendre un peu.
La Nouvelle Union populaire, écologique et sociale est un Titanic qui a encore des cartes pour éviter le naufrage.