Viktor Orbán a été sèchement, mais poliment, renvoyé dans les buts de l’histoire par Emmanuel Macron vendredi, en clôture du sommet européen de Bruxelles. Après avoir serré la main à Vladimir Poutine en Chine, le 17 octobre, le premier ministre hongrois avait comparé, une fois de plus, l’Union européenne (UE) à l’Union soviétique disparue.
On connaît le refrain du leader national populiste au pouvoir à Budapest: bureaucratie, lois supranationales, diktats de Bruxelles… Tout y passe pour dénoncer l’UE avec laquelle son gouvernement est en butte sur les questions de l’indépendance de la justice et de l’État de droit.
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«Un choix souverain»
Est-ce acceptable d’entendre proférer une telle accusation par le leader d’un pays membre? Le président français a répondu par l’histoire. «Je connais cette comparaison entre Bruxelles et Moscou. Je veux juste rappeler que l’Union européenne n’a pas envahi la Hongrie. Et que ce pays a décidé souverainement d’entrer dans notre Europe. Une Europe qui permet d’ailleurs au peuple hongrois de vivre beaucoup mieux depuis 2004.»
C’est à cette date que la Hongrie, aux côtés de sept autres pays de l’ex-bloc de l’Est (plus Chypre et Malte) a intégré l’Union européenne. «C’était un choix souverain. Si l’on confond ce choix et un acte de domination militaire, (ndlr: référence à la tutelle de l’ex-URSS sur ses ex-pays satellites) alors, on trahit l’histoire et la vérité».
Pas de ligne rouge franchie
Nuance importante: Emmanuel Macron n’a en revanche pas condamné la poignée de mains entre le premier ministre hongrois et Vladimir Poutine. Pas question, d’abord, de prétendre dicter sa conduite à un chef de gouvernement élu. A condition de respecter des règles.
«Il n’est absolument pas interdit de voir tel ou tel. Ça ne me choque pas. Je ne donne pas de leçon de morale» a déclaré le locataire de l’Élysée qui, lui-même, a tenté de maintenir ouvert le canal de discussion avec le président russe après l’invasion de l’Ukraine. «Je demande par contre une coordination en amont, et après. Le pire serait d’utiliser des relations particulières pour soi, pour son pays, qui affaibliraient l’unité européenne. Rencontrer Poutine? «Ça peut même être utile, mais ça ne doit pas nous affaiblir» a-t-il poursuivi.
Viktor Orbán n’a donc pas franchi de ligne rouge. Et le retour au Conseil européen du nouveau premier ministre slovaque Robert Fico, lui aussi proche de la Russie, est pour l’heure minimisé. «Ils n’ont pas demandé de modifications du communiqué final sur l’Ukraine que nous allons continuer de soutenir dans la durée, de façon crédible, a conclu le président français. Pour le moment, ces deux dirigeants n’entachent pas la continuité de notre action.»