«Si ce n'est pas nous, qui le fera?» C'est par cette interrogation que le président américain Joe Biden a répondu la semaine dernière à une autre question, celle d'un journaliste cette fois-ci, lui demandant si les Etats-Unis pouvaient assurer un soutien à la fois à Israël et à l'Ukraine. Concernant le soutien à l'Ukraine le vent semble bel et bien avoir tourné aux Etats-Unis, et ce, bien avant l'éclatement de la récente crise au Proche-Orient.
La Chambre des représentants américaine n'ayant toujours pas de porte-parole, elle se retrouve dépouillée de tout pouvoir de décision. En d'autres termes, un nouveau soutien à l'Ukraine ne peut pas actuellement être garanti.
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Sans les Etats-Unis, est-ce fini?
Depuis le début de la guerre, les Etats-Unis ont fourni 52,8 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine, selon le Kieler Institut für Weltwirtschaft, un institut de recherche allemand. Pendant ce temps, l'Allemagne, le deuxième plus important soutien de l'Ukraine, a aidé le pays à hauteur d'environ 12 milliards d'euros. La différence entre le principal contributeur et son dauphin démontre à quel point la situation deviendrait problématique pour l'Ukraine si le soutien américain venait à disparaître.
Un défaut de contribution des Etats-Unis forcerait alors l'Union européenne (UE) à mettre la main au portefeuille afin de combler ce manque. Selon Josep Borrell, le représentant de l'UE pour les affaires étrangères, ce scénario est pratiquement impossible. «Si les Etats-Unis cessent ou réduisent massivement leur soutien, l'Ukraine aura un problème d'une importance telle que les Européens ne pourront pas l'absorber», a-t-il reconnu la semaine dernière.
L'UE cherche des solutions partout
À situations désespérées, mesures désespérées. Et cette mesure, c'est l'accord fumeux que les dirigeants de l'UE sont en train de concocter à Bruxelles. Elle illustre à quel point l'Europe se trouve désemparée avec, dans le rôle de semeur de zizanie, le premier ministre hongrois Viktor Orbán. Depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février de l'année dernière, le chef d'Etat s'oppose à l'aide de l'UE à l'Ukraine et au fonds d'un montant de 20 milliards d'euros qui doit approvisionner l'Ukraine pendant encore cinq années.
Mais face à l'indocilité du Premier ministre hongrois, l'idée de l'UE est limpide. Bruxelles promet de libérer les milliards bloqués en raison des violations de l'Etat de droit commises par Viktor Orbán. En contrepartie, le Premier ministre cesse de s'opposer à de nouveaux fonds d'aide pour l'Ukraine.
Selon des informations du magazine allemand «Spiegel», une solution pourrait d'ailleurs bientôt être prête. Mais le Parlement européen met en garde la Commission européenne contre le déblocage des fonds européens pour la Hongrie. Et le dernier rapprochement de Viktor Orbán avec le chef du Kremlin Vladimir Poutine – on parle ici d'une poignée de main bienveillante entre les deux chefs d'Etat lors d'une rencontre en Chine – n'arrange rien aux affaires des 27.
Des chars seront-ils bientôt produits en Ukraine?
Le gouvernement ukrainien lui-même proposerait une autre solution: l'Ukraine devrait, avec l'aide de l'UE, produire elle-même les armes et les munitions dont elle a besoin. Selon le magazine «Politico», le chancelier allemand Olaf Scholz estime l'idée comme étant bonne. Le Premier ministre ukrainien Denys Schmyhal et lui-même ont officiellement annoncé mardi un projet de défense commun entre Rheinmetall et Ukroboronprom, l'entreprise publique ukrainienne de défense, pour des véhicules blindés.
Il pourrait s'écouler encore un certain temps avant que ces usines ne produisent effectivement des véhicules en Ukraine. Mais la guerre en Ukraine se déroule mal. L'offensive estivale ukrainienne n'a pas tenu ses promesses et la guerre semble s'être transformée en une longue bataille d'usure. En d'autres termes, l'Ukraine a besoin de toute urgence d'un soutien militaire supplémentaire – sans cela, les ennuis devraient s'accumuler. Et même si l'UE donne tout ce qu'elle a, sans les Etats-Unis, les chances de l'Ukraine sont minces.
