Jugé pour avoir menacé de brûler vif un non-croyant qui s’oppose à votre foi, comme jadis au Moyen Âge. La scène se passe à Paris où un jeune homme de 26 ans doit, ce mardi 23 avril, être jugé en correctionnelle. Il avait, en mars, lancé un appel sur les réseaux sociaux pour «brûler ce chien», en désignant un proviseur (directeur) d’un lycée parisien admis depuis à la retraite anticipée.
Simultanément, des menaces de mort s’étaient multipliées contre ce chef d’établissement persécuté depuis qu’il avait, le 28 février 2024, exigé d’une jeune femme voilée qu’elle abandonne son foulard islamique dans l’enceinte de l’école. Le prévenu est l’un des frères de l’élève mise en cause. Placé sous contrôle judiciaire, il encourt cinq ans d’emprisonnement et 45'000 euros d’amende.
Affaires Samuel Paty et Dominique Bernard
Cette chronique terrifiante de la haine islamiste ordinaire dans les enceintes scolaires a de quoi glacer les sangs en France, où deux enseignants ont été récemment tués par des extrémistes. Le premier, Samuel Paty, a été poignardé à mort puis décapité le 16 octobre 2020 par un jeune tchétchène radicalisé, abattu par la police. Le second, Dominique Bernard, enseignait dans un lycée à Arras (Pas-de-Calais), lorsqu’il a été tué le 13 octobre 2023 par un autre jeune d’origine du Caucase, qui avait été son élève.
Lors d’un premier procès en novembre 2023, six collégiens qui avaient aidé l’assassin de Samuel Paty ont été condamnés à des peines de prison. Le procès de huit adultes mis en cause dans cet attentat est prévu devant la cour d’assises spéciale antiterroriste du 12 novembre au 20 décembre.
Pas une action isolée
Comme souvent dans ces affaires, les menaces de mort postées sur internet par le jeune homme convoqué devant les juges ne sont une action isolée. Elles sont le fruit de réseaux activistes islamistes qui s’enflamment à la moindre affaire concernent le voile, dont le port est interdit dans les écoles et les lieux publics français par la loi du 15 mars 2004 sur la laïcité qui encadre «le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse».
Dans le cas du lycée parisien Maurice Ravel, la rumeur d’une altercation entre une élève de classe technique et le proviseur avait été, en mars, aussitôt relayée par des groupes d’activistes. Le prévenu, frère la jeune femme, est accusé d’avoir proféré ses menaces après avoir entendu le témoignage de sa sœur. Celle-ci lui aurait affirmé avoir été «giflée» par le proviseur, car elle refusait d’ôter son voile, mais la défense de ce dernier conteste les faits.
Les mensonges inflammatoires sont une habitude dans ce genre de dossier. L’une des accusatrices de l’enseignant assassiné Samuel Paty n’était pas dans la classe au moment de la présentation des caricatures dont elle affirmait pourtant avoir été témoin. Son père, Brahim C. sera jugé en fin d’année pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle».
Parquet spécialisé
L’enquête française a été menée par le pôle national de lutte contre la haine en ligne, une division spécialisée du parquet de Paris. Le proviseur a déposé plainte pour «acte d’intimidation envers une personne participant à l’exécution d’une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service». Ce que nie la jeune femme qui a riposté en portant plainte «pour violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail».
L’autre sujet en arrière-plan de ce procès est le dénuement des enseignants et du personnel scolaire face à cette haine islamiste. Le 6 mars, une commission d’enquête du Sénat français a pointé la «terrible solitude des enseignants face aux menaces et agressions», exhortant l’Etat à enclencher une «démarche proactive» et l’Éducation nationale à «reprendre la main» pour défendre la laïcité à l’école.