Émotion et haute surveillance
Les funérailles de Dominique Bernard ont débuté à Arras

Les obsèques de Dominique Bernard, poignardé à mort par un ancien élève devant son collège-lycée d'Arras lors d'un attentat jihadiste qui a placé la France en état d'alerte, ont débuté jeudi dans la cathédrale de la ville, avec émotion et sous haute surveillance.
Publié: 19.10.2023 à 11:44 heures
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Dernière mise à jour: 19.10.2023 à 14:23 heures
Au son de chants religieux, la voiture transportant le cercueil est passée devant l'hôtel de ville, au pied de l'écran géant, sous le regard parfois humide des centaines de personnes présentes.
Photo: Michel spingler

Avec émotion et sous haute surveillance, la ville d'Arras, dans le nord de la France, a rendu jeudi un dernier hommage à Dominique Bernard. Le professeur a été poignardé à mort devant son collège-lycée par un ancien élève lors d'un attentat djihadiste.

Les obsèques de ce professeur de français âgé de 57 ans ont été célébrées à la cathédrale d'Arras, en présence du président français Emmanuel Macron, de son épouse Brigitte et du ministre de l'Éducation Gabriel Attal. «Sensible et discret, il n'aimait pas le bruit et la fureur du monde», a déclaré son épouse Isabelle, elle-même enseignante, devant un millier de personnes rassemblées dans la cathédrale.

Présidée par l'évêque d'Arras Mgr Olivier Leborgne, la cérémonie a été retransmise devant près de 600 personnes sur grand écran sur la place des Héros, au pied du beffroi de la ville, au milieu d'un important dispositif de sécurité.

«Nous sommes désemparés, mais ensemble. Nous sommes là, abasourdis, mais refusant de nous laisser écraser», a lancé l'évêque. Les cours ont été suspendus le matin au collège-lycée Gambetta-Carnot, théâtre de l'attaque, permettant au personnel et aux élèves d'y assister. De nombreux bouquets de roses avaient été déposés sur les marches menant à l'entrée de la cathédrale, où le cercueil a été accueilli par une trentaine d'enseignants et agents de l'établissement théâtre du drame.

«Electrochoc»

Dominique Bernard a été nommé jeudi chevalier de la Légion d'honneur, le plus important ordre honorifique français.

Son décès le 13 octobre, survenu presque trois ans jour pour jour après l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty en région parisienne par un jeune homme radicalisé, a suscité une onde de choc, en particulier chez les enseignants.

Dans un entretien mercredi à l'hebdomadaire chrétien français La Vie, la mère et la soeur de l'enseignant, décrit par ses collègues et ses élèves comme un homme passionné et à l'écoute, disent espérer qu'il "soit le dernier" professeur assassiné. «Si seulement ça pouvait créer un électrochoc pour nous faire dire à tous qu'il faut de la tolérance, pour que la France reste une terre d'accueil», ajoutent-elles.

La France est passée en alerte «urgence attentat» dès le soir de l'attaque menée par Mohammed Mogouchkov, 20 ans, né dans la République russe à majorité musulmane d'Ingouchie, qui se revendique de l'organisation djihadiste de l'Etat islamique.

Des craintes renforcées par le contexte du conflit entre Israël et le Hamas, qui a également amené les autorités à renforcer les mesures de vigilance et de sécurité. Le collège-lycée Gambetta-Carnot a été évacué lundi matin après une fausse alerte à la bombe, maintenant élèves, parents et enseignants sous tension.

Inquiétude en France

D'autres alertes ont entraîné ces derniers jours des évacuations d'établissements scolaires dans toute la France, ainsi que du musée du Louvre à Paris, du château de Versailles ou encore d'aéroports. L'inquiétude s'est encore aggravée avec les meurtres lundi soir à Bruxelles en pleine rue de deux Suédois, un attentat islamiste revendiqué par un Tunisien ensuite abattu par la police.

L'assaillant a été mis en examen pour assassinat en lien avec une entreprise terroriste et écroué mardi soir. Son frère de 16 ans l'est pour complicité et un cousin de 15 ans pour abstention volontaire d'empêcher un crime. Mohammed Mogouchkov avait semé la panique dans l'établissement le 13 octobre au matin, deux couteaux en main, tuant Dominique Bernard avant de blesser trois autres adultes, dont deux grièvement, puis d'être interpellé.

Fiché pour radicalisation, il était suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) «depuis la fin du mois de juillet», selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en raison des liens avec son frère, emprisonné pour sa participation à un projet d'attentat à Paris visant le palais présidentiel de l'Elysée, et son père, lui aussi fiché par le renseignement.

Ce dernier, expulsé en 2018 est «très probablement» en Géorgie, selon une source policière.

(ATS)

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