Zelensky à Washington
Pourquoi la guerre en Ukraine ne s'arrêtera pas en 2023

Le voyage de Volodymyr Zelensky aux États-Unis le montre: on ne peut pas compter sur l'Europe en cas d'urgence militaire. Seulement voilà: même les Américains ont les mains liées dans cette guerre.
Publié: 25.12.2022 à 07:31 heures
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Dernière mise à jour: 25.12.2022 à 14:00 heures
Volodymyr Zelensky attendait de son périlleux voyage outre-Atlantique plus que des applaudissements chaleureux.
Photo: AFP
Samuel Schumacher

Du courage, l’homme en a sans aucun doute. Mais des munitions pour ses combattants de première ligne lui font défaut. C’est donc en toute logique que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quitté son pays en milieu de semaine pour prendre des chemins dangereux et s’envoler vers Washington.

L’accueil réservé au «héros» d'une Ukraine meurtrie n’aurait pas pu être plus honorable: tapis rouge à l’aéroport, président américain souriant devant la Maison-Blanche, standing ovation au Capitole où – à l’exception de quelques représentants de la droite du Parti républicain – l’ensemble du parlement américain s’était réuni dans une rare unanimité pour rendre hommage au chef de l'Etat ukrainien.

Mais Volodymyr Zelensky attendait de son périlleux voyage outre-Atlantique plus que des applaudissements chaleureux. Il l’a clairement fait savoir lors de son discours de près d’une demi-heure devant le Congrès américain. «Sans votre soutien, nous ne pourrons pas renverser le cours de cette guerre», a-t-il déclaré en s’adressant aux élites politiques américaines dans un pull brun, le regard fatigué. «Votre argent n’est pas de la charité, c’est un investissement pour la sécurité mondiale et la démocratie!»

Une aide insuffisante?

Le même jour, les Etats-Unis ont ficelé un nouveau paquet d’aide militaire d’un montant de 1,8 milliard de dollars. Ce cadeau de Noël anticipé comprend le système de défense aérienne Patriot: un élément clé potentiel qui permettra à l’Ukraine, à partir du printemps prochain, de repousser les attaques continues de missiles et de drones des troupes russes. La demande de Kiev d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’ensemble du pays est, de fait, satisfaite par les récentes promesses des Etats-Unis. Kiev peut compter sur une aide américaine supplémentaire d’environ 45 milliards de francs pour l’année à venir.

Mais certains grincent des dents: c’est beaucoup d’argent – trop, si l’on en croit les cercles conservateurs républicains. On veut s’éloigner des «chèques en blanc» pour les Ukrainiens, a récemment déclaré Kevin McCarthy, qui devrait bientôt devenir le chef de la majorité dans la future Chambre des représentants dominée par les Républicains. Volodymyr Zelensky pense cependant le contraire: pour lui, c’est trop peu.

L’ex-comédien était bien sérieux lorsqu’il a précisé, en milieu de semaine à Washington, que ses hommes et femmes en uniforme «peuvent sans problème faire fonctionner des chars et des avions de combat américains».

Mais malgré toutes les supplications, «l’Oncle Sam» n’enverra pas ses engins en Ukraine. On peut peut-être le pardonner aux Américains. Nous, les Suisses, ne fournissons même pas de casques ou de gilets pare-balles à l’Ukraine qui se bat courageusement. La retenue américaine en matière d’artillerie lourde n’a toutefois rien à voir avec une soi-disant neutralité, comme dans le cas helvétique.

La Russie, une puissance nucléaire

Au contraire, en dépit du comportement déplorable des troupes russes, Washington n’a pas oublié que le régime néo-tsariste du Kremlin est une puissance nucléaire qui, au moins sur le plan verbal, n’hésite pas à menacer l’Occident d’une tempête de feu atomique. C’est pourquoi, malgré le discours charismatique du président ukrainien, il n'y aura ni chars, ni avions de combat.

Malgré les aides, la guerre

L'Europe pourra bien observer la guerre pendant un certain temps encore et se demander si elle ne voudrait pas prendre exemple sur les Américains afin d'augmenter son propre engagement dans cette attaque contre la démocratie (cela ne s’applique pas à l’Estonie, à la Lettonie, à la Lituanie, à la Pologne, à la Norvège et à la République tchèque, qui, par rapport à leur performance économique globale, apportent déjà aujourd’hui un soutien plus important que les Etats-Unis).

La Suisse peut également mener cette réflexion, bien qu'elle ne reste pas inactive. Une aide de 80 millions pour l’Ukraine, des sanctions contre la Russie auxquelles, des dizaines de milliers de personnes accueillies et une conférence sur la reconstruction du pays en guerre à Lugano l’été dernier qui semblait utopique sont autant d'initiatives prises par notre pays. Le fait que la Suisse s’engage là où elle peut agir le plus efficacement avec son expertise (par exemple en investissant 14 millions pour les chemins de fer ukrainiens) est encourageant. Seulement voilà: la guerre continue.

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