Le président russe Vladimir Poutine a mis en garde mardi contre l'usage d'armes occidentales visant le territoire russe, évoquant le risque de «conséquences graves», au moment où le débat ressurgit dans les chancelleries alliées de l'Ukraine.
«En Europe, en particulier dans les petits pays, ils doivent réfléchir à ce avec quoi ils jouent. Ils doivent se souvenir qu'ils sont bien souvent des États ayant un petit territoire et une population très dense», a prévenu Vladimir Poutine lors d'un point presse à Tachkent en Ouzbékistan. «Ce facteur est une chose sérieuse qu'ils doivent avoir à l'esprit avant de parler de frapper en profondeur le territoire russe», a-t-il poursuivi. «Cette escalade permanente peu avoir des conséquences graves.»
L'Occident divisé sur la question des armes
L'Ukraine réclame de pouvoir utiliser les armes livrées par l'Occident contre des cibles militaires en territoire russe, mais le sujet divise profondément les soutiens de Kiev. Parmi les plus réticents, l'Italie et l'Allemagne brandissent le risque d'escalade, avec en filigrane la crainte de l'utilisation de l'arme nucléaire par Vladimir Poutine, tandis que le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, estime que les restrictions actuelles «lient les mains dans le dos des Ukrainiens», sur fond d'avancée russe dans l'Est de l'Ukraine.
Selon Vladimir Poutine, il s'agirait d'une escalade car même si ce sont les militaires ukrainiens qui mèneraient les frappes, elles seraient préparés par les Occidentaux qui fournissent les armes. «La tâche n'est pas préparée par l'armée ukrainienne, mais par les représentants des pays de l'Otan», a-t-il dit, accusant en outre les Occidentaux de vouloir «un conflit mondial».
La France reste floue
Autre ligne rouge qui fait l'objet d'intenses discussions parmi les alliés de Kiev: l'envoi officiel sur le sol ukrainien d'instructeurs militaires pour aider l'armée ukrainienne, en difficulté face à la poussée, lente mais continue, des forces russes. Lundi, Kiev a annoncé que des instructeurs français allaient se rendre «prochainement» en Ukraine afin de former les troupes ukrainiennes, avant de rétropédaler et indiquer être toujours «en discussions avec la France et d'autres pays sur cette question».
Contacté par l'AFP, le ministère français de la Défense s'est borné à évoqué «un chantier» en cours, sans confirmer l'envoi d'instructeurs français en Ukraine. Interrogé sur le sujet mardi, Vladimir Poutine a assuré que ces instructeurs «sont là», en Ukraine, «sous l'apparence de mercenaires». «Nous le savons bien. Il n'y a rien de nouveau», a-t-il affirmé à des journalistes.