Vive polémique
Accusations d'antisémitisme après une affiche de LFI sur Hanouna

Nouvelle passe d'armes entre Cyril Hanouna et La France insoumise (LFI): le premier veut poursuivre la seconde en justice à cause d'une affiche le mettant en scène qui a déclenché des accusations d'antisémitisme, entièrement récusées par le mouvement de gauche radicale.
Publié: 12.03.2025 à 18:56 heures
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Dernière mise à jour: 12.03.2025 à 18:58 heures
«Nous préparons des actions judiciaires», a déclaré à l'AFP l'avocat de Cyril Hanouna.
Photo: Jonathan Rebboah / Panoramic / Bestimage
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AFP Agence France-Presse

«C'est une caricature qui nous ramène aux heures les plus sombres. (...) Et pour moi, il n'y a aucun doute, c'est fait sciemment», a estimé l'animateur conservateur dans son émission quotidienne sur Europe 1 mercredi. «Nous préparons des actions judiciaires», a pour sa part déclaré à l'AFP son avocat, Stéphane Hasbanian. Il a invoqué l'"atteinte à l'image» et a dit réfléchir à «d'autres actions liées à l'antisémitisme».

Le visuel incriminé avait initialement été mis en ligne sur le compte X de LFI, qui l'a depuis retiré. Il montre le visage de Cyril Hanouna, d'origine juive tunisienne, en noir et blanc, sourcils froncés et grimace agressive, au-dessus des messages «Manifestations contre l'extrême droite ses idées... et ses relais!» et «Partout en France 22 mars».

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«Ce qui pose énormément de problèmes, c'est qu'ils aient trafiqué mes traits pour qu'ils correspondent» à l'affiche d'un film antisémite de 1940, a accusé l'animateur. Après la publication de l'image par LFI, nombre d'internautes ont fait un parallèle avec l'affiche du film nazi «Le juif éternel» ("Le péril juif"). Pourtant, personne n'a pu apporté la preuve qu'un véritable montage image a été réalisé.

LFI nie toute «signification antisémite»

Sollicitée par l'AFP, LFI a dénoncé des «accusations nauséabondes» qu'elle impute «essentiellement» à des «militants d'extrême droite relayés par CNews, Europe 1 et le JDD». Ces médias sont tous dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré. LFI a indiqué avoir remplacé le visuel pour «mettre un terme» à ces accusations, en niant toute «signification antisémite». Le mouvement fait valoir que sa campagne pour manifester le 22 mars comprend des «visuels avec plusieurs personnalités médiatiques», comme le présentateur de CNews Pascal Praud, «qui contribuent au relais des idées d'extrême droite».

Mais cette affiche a eu le temps de susciter l'indignation, alors que plusieurs élus de LFI ont par le passé fait l'objet d'accusations d'antisémitisme, qu'ils ont toujours rejetées. «LFI recycle l'iconographie antijuive», a estimé la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) sur X. «Mille autres images auraient pu représenter l'extrême droite. LFI a choisi un juif et lui a fait nez crochu», a réagi l'UEJF (Union des étudiants juifs de France). «Pas besoin de beaucoup connaître l'Histoire pour savoir que cette iconographie est typiquement antisémite», a renchéri Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Au-delà des accusations d'antisémitisme, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a jugé que le principe même des affiches revenait à «mettre des cibles dans le dos de ces journalistes, de ces hommes politiques ou de ces personnalités». «J'espère que ces manifestations pourront être interdites par les préfets», a-t-il déclaré sur CNews.

Une discorde de longue date

En mars 2024, la justice avait ordonné à LFI de retirer les visuels d'une campagne utilisant l'image de l'éditorialiste de France Télévisions Nathalie Saint-Cricq, aux opinions présumées contraires au mouvement. Les relations entre Cyril Hanouna et LFI se sont progressivement tendues ces dernières années, alors que plusieurs figures du mouvement apparaissaient auparavant régulièrement dans ses émissions télé.

Les tensions ont culminé en novembre 2022, quand l'animateur a injurié en direct le député LFI Louis Boyard, qui avait critiqué Vincent Bolloré, dans l'émission «Touche pas à mon poste» sur C8 (groupe Canal+, dans le giron de M. Bolloré). Cela a valu à la chaîne une amende record de 3,5 millions d'euros de la part de l'Arcom. Cyril Hanouna, lui, s'est vu infliger une amende de 4000 euros par le tribunal correctionnel de Paris en février.

C8 a cessé d'émettre le 1er mars après le non-renouvellement de sa fréquence par l'Arcom. Cette décision a largement été motivée par les «manquements réitérés» de la chaîne, qui a cumulé 7,6 millions d'euros d'amende à cause des dérapages de Cyril Hanouna. Ce dernier a annoncé le 27 février qu'il quittait le groupe Canal+ pour rejoindre le groupe M6 la saison prochaine. Entretemps, TPMP reste diffusée en ligne. Six mois avant son arrivée au sein du groupe M6, Cyril Hanouna s'est déjà fait recadrer par son futur employeur après avoir égratigné un de ses animateurs vedettes, Bruno Guillon.

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