Violations des droits de l'homme
Une ONG épingle UBS et Credit Suisse pour leurs investissements en Chine

Une ONG a épinglé UBS et Credit Suisse, qui ont investi dans des entreprises étroitement liées au régime chinois. Les réponses des géants bancaires helvétiques laissent sceptique, minimisant leurs relations avec le régime autoritaire et répressif de Pékin.
Publié: 28.11.2021 à 09:25 heures
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Dernière mise à jour: 28.11.2021 à 10:14 heures
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Une ONG critique vivement les investissements de certaines banques suisses en Chine.
Photo: VCG via Getty Images
Simon Marti

Les institutions financières suisses placent des fonds dans des entreprises qui ont des liens très problématiques avec le régime chinois. C’est la conclusion d’une nouvelle enquête de l’organisation non gouvernementale Hong Kong Watch, qui s’en prend durement à UBS et à Credit Suisse.

Le reproche principal des auteurs est que les grandes banques investissent, via des fonds de placement, dans des groupes chinois impliqués dans le développement de l’Etat de surveillance ainsi que dans des violations des droits de l’homme de la minorité ouïghoure. Le gouvernement américain a d’ailleurs sanctionné ces entreprises pour cette raison, note le rapport. Credit Suisse déclare que ces données sont obsolètes et que le rapport est erroné. Le fonds critiqué «n’investit dans aucune entreprise sanctionnée par les Etats-Unis».

Investissements légitimant des violations des droits de l’homme

Le cas d’UBS est différent. Selon Hong Kong Watch, l’un de ses fonds investissait encore en novembre dans des entreprises sanctionnées. Près de 22 millions de dollars sont injectés dans Dahua Technology, une entreprise active dans la vidéosurveillance, et 57 millions dans le groupe informatique iFlytek.

Ces montants ne sont certes pas décisifs pour les entreprises concernées, mais «ces investissements légitiment des entreprises impliquées dans de graves violations des droits de l’homme», déclare Sam Goodman, de Hong Kong Watch, interrogé à ce sujet.

Plainte déposée auprès de la Confédération

UBS a réagi par une prise de position très succincte. La banque rappelle laconiquement s’être engagée à respecter et à promouvoir les droits de l’homme. «Les investisseurs privés et institutionnels peuvent investir dans des entreprises cotées en bourse qui font partie d’indices et, à ce titre, de fonds passifs qui suivent ceux-ci. De nombreuses institutions financières sont ainsi répertoriées comme actionnaires de ces entreprises pour leurs clients».

En d’autres termes, les fonds sont désormais conçus de telle sorte qu’ils contiennent également des actions d’entreprises sanctionnées. Et l’argent investi dans ces fonds n’est pas celui d’UBS, mais bien celui de ses clients.

Un cas récent montre que la grande banque ne semble pas vraiment s’en soucier. En 2020, nos collègues de SonntagsBlick avaient rendu publique la participation d’un fonds UBS dans le groupe de surveillance chinois Hikvision. La Société pour les peuples menacés (SPM) avait alors déposé une plainte auprès de la Confédération. La procédure est en cours.

Une stratégie de minimisation

«L’enquête de Hong Kong Watch confirme nos conclusions», déclare Christoph Wiedmer, co-directeur de la SPM. «Les banques suisses minimisent leur rôle, c’est leur stratégie. Or, ceux qui gagnent de l’argent avec de tels investissements ont une responsabilité. Les banques ne peuvent pas simplement se décharger de cette responsabilité sur leurs clients ou sur les fournisseurs de fonds.»

Des critiques émanent aussi du monde politique. Le conseiller national PS Fabian Molina s’est ainsi agacé de la situation. «Après tout ce que l’on sait sur le gouvernement chinois, s’exclame-t-il, les banques suisses ne sont toujours pas en mesure de respecter des normes fondamentales en matière de droits de l’homme. C’est incroyable!»

(Adaptation par Alexandre Cudré)

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