Victoire écrasante du Labour face aux Tories
Pourquoi Boris Johnson est au cœur de la défaite du parti conservateur

Vendredi, le parti travailliste a remporté les législatives britanniques haut la main. La défaite des conservateurs s'explique en partie par l'ex-Premier ministre Boris Johnson. Blick décrypte les raisons de ce revers électoral et ses conséquences pour le pays.
Publié: 06.07.2024 à 06:01 heures
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Le Premier ministre Rishi Sunak a annoncé vendredi sa démission de la tête des Tories après sa défaite face au Labour.
Photo: DUKAS
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Guido Felder

«Je suis désolé, j'assume la responsabilité de cette défaite.» C'est en ces termes que le Premier ministre britannique Rishi Sunak a reconnu jeudi soir son gigantesque échec électoral – avant d'annoncer quelques heures plus tard sa démission de la présidence du parti conservateur. Après 14 ans de gouvernement, les conservateurs Tories quittent à nouveau la scène. Le parti vaincu ne compte plus que 144 (contre 345 auparavant) des 650 sièges de la Chambre des communes.

En remportant les élections, le Labour occupera 410 sièges (contre 206 auparavant) et pourra gouverner sans restriction avec une majorité acquise. Le grand vainqueur des élections, Keir Starmer, a promis un «nouveau départ» à ses concitoyens.

Les deux raisons de ce changement de pouvoir

Ce changement de pouvoir peut s'expliquer par deux raisons. D'une part, il repose sur l'échec des Tories qui gouvernaient jusqu'à présent. Après le Brexit initié en 2016 et mis en œuvre en 2020, l'économie britannique a dégringolé. De nombreux Britanniques sont aujourd'hui dans une situation pire qu'il y a quelques années. Des centaines de milliers d'entre eux ne peuvent même plus payer leur facture de chauffage. Pour couronner le tout, le parti conservateur n'a jamais réussi à maîtriser l'immigration comme il l'avait promis.

Ces résultats témoignent d'autre part de l'évolution du parti travailliste qui, sous l'ancien chef Jeremy Corbyn évincé en 2020, avait dérivé vers une opposition à l'extrême gauche. Le chef du parti, Keir Starmer – que le roi Charles III charge aujourd'hui de former un gouvernement – a réussi à ramener le parti vers le centre, le rendant ainsi éligible auprès des bourgeois.

Alors que cette passation de pouvoir était prévisible, la dépouille des scrutins a réservé quelques surprises. Le chef du parti populiste de droite Reform UK, Nigel Farage, a réussi à entrer à la Chambre des communes (à sa 8e tentative). En revanche, des noms renommés du parti des Tories comme l'ancienne Première ministre Liz Truss et le champion du Brexit Jacob Rees-Mogg ont perdu leur siège.

Boris Johnson, le visage de la crise

Mais la crise des Tories a un visage: Boris Johnson. L'ex-Premier ministre, en poste de 2019 à 2022, avait brusquement fait sortir la Grande-Bretagne de l'UE, provoquant incertitude et colère dans le royaume. Les Britanniques n'ont jamais réellement oublié sa politique de coups d'éclat lors de la crise du Covid, ses soirées interdites pendant le lockdown et son népotisme. Pour sa défense, Rishi Sunak n'avait aucune chance de réparer les dégâts.

Après une tentative ratée de se faire réélire, Boris Johnson avait alors démissionné de la Chambre des communes en 2023, accusé de mensonges. Et depuis, il a disparu des radars. On l'aperçoit parfois lors de meetings électoraux ou sur le compte Instagram de sa femme Carrie Johnson. Son dernier post remonte à la mi-juin: on y voit le couple et ses trois enfants prendre le soleil sur une plage de Sardaigne. Des responsabilités politiques? Boris Johnson n'en a plus.

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Vers de meilleures relations avec Bruxelles

Quelles seront les conséquences de ce changement de gouvernement? Le successful Keir Starmer parle d'un «nouveau départ», mais il ne faut pas s'attendre à un grand retournement de situation. Il devra d'abord regagner la confiance des Britanniques vis-à-vis du gouvernement. Et pour y parvenir, sa politique devra être fiable et prévisible. La question européenne sera également au centre de sa gouvernance. Réintégrer l'UE? Non. Mais intensifier et maintenir les relations avec Bruxelles, cela sera indispensable.

Quant à Boris Johnson, il ne semble pas prêt à faire un quelconque retour. Sur X, l'ex-Premier ministre avait fait de la publicité pour les conservateurs à l'approche des élections en créant une combinaison de mots à partir du nom de Starmer et du jeu d'ordinateur Starmageddon: «La nation ne veut pas vraiment de Sir Keir et de son programme d'augmentation des impôts, d'amour de l'UE et d'immigration illégale. Il est encore temps pour nous d'éviter l'écueil de Starmergeddon.» Il avait – comme bien souvent – complètement tort.

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