Vague d'indignation
Éric Zemmour fait scandale sur la scolarisation des enfants handicapés

«Pitoyable», «impardonnable»: Eric Zemmour s'est attiré une bronca générale, samedi, après avoir dénoncé «l'obsession de l'inclusion» des enfants handicapés et défendu des «établissements spécialisés» pour les scolariser, avant de nuancer ses propos.
Publié: 15.01.2022 à 16:38 heures
Le candidat d'extrême droite à la présidentielle française Eric Zemmour fait face à une vague d'indignation.
Photo: FRANCOIS NASCIMBENI

Vendredi, lors d'une discussion avec des enseignants acquis à sa cause à Honnecourt-sur-Escaut (Nord), le candidat d'extrême droite a expliqué «penser qu'il faut effectivement des établissements spécialisés, sauf pour les gens légèrement handicapés évidemment».

«Pour le reste, oui, je pense que l'obsession de l'inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là, qui sont, les pauvres, complètement dépassés par les autres enfants. Donc je pense qu'il faut des enseignants spécialisés qui s'en occupent», a-t-il estimé.

La secrétaire d'Etat chargée du Handicap Sophie Cluzel a fustigé samedi sur Twitter «une déclaration pitoyable». «Très en colère» sur BFMTV, elle a critiqué une «vision misérabiliste» et «excluante» du handicap.

«Bien sûr que c'est compliqué, mais c'est vraiment l'honneur de la France de pouvoir scolariser ces enfants avec les autres, au milieu des autres», a-t-elle ajouté.

Le chef de file des députés LR, Damien Abad, lui-même en situation de handicap, a dénoncé des propos «scandaleux» d'Eric Zemmour et une «ségrégation à tous les étages».

«Oui, nous devons avoir l'obsession de l'inclusion. Je demande des excuses publiques», a-t-il lancé sur Twitter.

La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, a pour sa part jugé «impardonnable» de «s'attaquer aux enfants fragilisés par un handicap».

«Mon projet, c'est plus d'inclusion pour les enfants fragiles», a embrayé Valérie Pécresse en marge d'un déplacement en Grèce, fustigeant «la brutalité» des propos d'Eric Zemmour.

Même ton des candidats à gauche: «Il est comme toujours dans l'outrance, la violence et l'injure», a cinglé la candidate désormais déclarée Christiane Taubira, Jean-Luc Mélenchon fustigeant «une vision du monde opposée» à la sienne. Et le communiste Fabien Roussel s'est dit «révulsé par la proposition» d'Eric Zemmour, en le comparant à une «société d'apartheid».

«S'en occuper mieux»

Les réactions ont également été vives dans le milieu associatif: le président national de l'Association pour adultes et jeunes handicapés, Jean-Louis Garcia, s'est ému sur BFMTV de ce qu'il considère être une «ségrégation», une «mise à part», tandis que le président de SOS autisme France, Olivier Cattan, s'est «indigné» de propos jugés «discriminatoires» et d'une «méconnaissance» du candidat Zemmour sur le sujet. Les deux renvoyant à la loi de 2005 qui garantit l'égalité des chances pour les enfants handicapés.

Le président de l'Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées (APHPP), Matthieu Annereau, par ailleurs élu local LREM et non-voyant, a quant à lui estimé que «l'exclusion des 12 millions de personnes handicapées en France évoquée par Éric Zemmour (était) profondément nauséabonde».

Face à la bronca, l'ancien polémiste s'est expliqué et a nuancé ses propos samedi matin à Villers-Cotterêts (Aisne). «Bien sûr, il y a des cas où le fait de les mettre dans un établissement ordinaire est une bonne chose car ça leur permet de progresser, de se socialiser. Et puis il y a d'autres cas, réels, plus nombreux qu'on ne le dit, où c'est une souffrance pour ces enfants» handicapés.

«Ce que j'ai voulu dire, c'est que je ne veux pas que l'obsession de l'inclusion nous prive et nous conduise à négliger la nécessité d'établissements spécialisés», a-t-il poursuivi. «Je pense que c'est une position idéologique, comme toujours. On a décidé que c'était mieux de mettre tout le monde ensemble. Moi, je pense que non», «pas pour les mettre à l'écart mais pour s'en occuper mieux».

Le candidat à la présidentielle a appelé à «prendre en compte les cas particuliers» de chaque enfant, avec des possibilités de «passerelles» entre «établissements spécialisés» et «ordinaires».

Eric Zemmour a écourté samedi sa visite dans l'Aisne et annulé sa visite à Chateau-Thierry en raison, selon son entourage, de l'empêchement de dernière minute d'un invité.

(AFP)

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