Une politique trop hostile
Trump fait fuir les touristes, une perte de 64 milliards prévue

La politique de Donald Trump et sa rhétorique agressive refroidissent les voyageurs étrangers. Entre tensions commerciales et climat jugé hostile, le tourisme américain dévisse. Résultat: une perte estimée à 64 milliards de dollars pour le secteur.
Publié: 17.03.2025 à 10:56 heures
Avec sa politique commerciale agressive et ses déclarations belliqueuses, Donald Trump fait fuir les touristes.
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Les guerres commerciales et la rhétorique belliqueuse de Donald Trump ne font pas bon ménage avec l’industrie du tourisme aux Etats-Unis. Selon Tourism Economics, le secteur prévoit une baisse de 5% cette année, soit un manque à gagner de... 64 milliards de dollars (56 milliards de francs suisses).

Et les premiers signes de ce déclin sont déjà visibles, peut-on lire dans les colonnes du «Washington Post» dimanche 16 mars. En février, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 2,4% par rapport à l’année précédente, selon les données gouvernementales. Les plus fortes baisses proviennent d’Afrique (-9%), d’Asie (-7%) et d’Amérique centrale (-6%). Quant aux voyageurs chinois, particulièrement visés par la politique du président américain, leur nombre s’effondre de 11%.

Le Canada, premier pourvoyeur de touristes aux Etats-Unis, ne cache pas sa colère face aux attaques de Trump, qui a notamment évoqué l'idée d'en faire «le 51ᵉ Etat». Résultat: un effondrement des visites. En février, les voyages en voiture depuis le Canada ont dégringolé de 23%, tandis que les vols vers les Eats-Unis ont reculé de 13%. Et selon Tourism Economics, les Européens pourraient être les prochains à bouder la destination.

L'administration jugée trop hostile

«On observe une dynamique économique bien plus faible que ce qu’elle aurait pu être, non seulement à cause des tarifs douaniers, mais aussi en raison de la rhétorique et du ton condescendant qui l’entoure», analyse Adam Sacks, président de Tourism Economics.

De plus en plus de touristes étrangers renoncent aux Etats-Unis, citant un climat d'instabilité et d'hostilité. C’est le cas de Penelope Poole, résidant aux Philippines, qui devait partir en croisière en Floride avec sa mère de 90 ans. Finalement, elle a annulé: «Nous étions de plus en plus préoccupées par notre sécurité personnelle.»

Même son de cloche pour Bertha Lopez, habitante de Toronto, habituée à traverser la frontière plusieurs fois par mois. Elle renonce maintenant à y mettre un pied et va même jusqu'à boycotter les Etats-Unis: «Tous ces discours sur le fait de faire du Canada le 51e Etat sont perturbants. C'est tout simplement incroyablement offensant, gronde-t-elle avant d'ajouter: Plus de Coca-Cola. Plus de Disney. Et sauf enterrement ou hospitalisation, je n'irai pas aux Etats-Unis.»

L'industrie sous pression

Le désengagement des touristes étrangers survient au pire moment. Les Américains eux-mêmes réduisent leurs déplacements: moins de voyages d’affaires, moins de vacances, la prudence s’installe face à l’incertitude économique.

Même les agences de voyages en croissance, s’attendent à une vague d’annulations. «Quand l’économie flanche, le budget voyage est le premier à être sacrifié», souligne Jonathan de Araujo, patron d’une agence en Floride. Les droits de douane et les tensions commerciales inquiètent une partie des Américains, qui anticipent une flambée des prix. Les incertitudes liées au Département de l'efficacité dirigée par Elon Musk font également peser la balance.

L’Europe bientôt à dos?

L’hémorragie pourrait s’aggraver. Les touristes européens, qui représentent un tiers des visiteurs aux Etats-Unis, pourraient à leur tour se détourner de la destination. En cause: la menace de Trump d’imposer une taxe de 200% sur le vin et l’alcool européens. Mais aussi son rapprochement affiché avec la Russie, qui crispe une partie de l’opinion publique en Europe.

L’industrie du tourisme américain doit désormais composer avec une réalité inquiétante: l’image du pays se dégrade et les visiteurs s’en détournent.

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