Une fin à la guerre de Gaza?
«Les pays arabes doivent prendre leurs responsabilités»

Tous les efforts pour mettre fin à la guerre à Gaza ont jusqu'à présent échoué. L'expert allemand du Proche-Orient, Daniel Gerlach est convaincu que seule l'intervention comme médiateurs des pays arabes peut mener à la paix.
Publié: 06.01.2024 à 06:05 heures
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Après l'attaque brutale du Hamas, c'est maintenant la population civile de la bande de Gaza qui souffre de la vendetta d'Israël.
Photo: keystone-sda.ch
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Guido Felder

Jusqu'à présent tous les appels lancés auprès d'Israël pour mettre fin à l'intervention dans la bande de Gaza sont restés lettre morte. Environ 22'000 personnes ont déjà perdu la vie du côté palestiniens. Le sort des 136 otages israéliens détenus par le Hamas est quant à lui incertain. 

Aux Etats-Unis, face à cette situation de plus en plus de voix s'élèvent pour couper les aides à l'état hébreux. Le sénateur démocrate Bernie Sanders demande au Congrès américain de bloquer dix milliards de dollars supplémentaires destinés au gouvernement israélien. Le sénateur de gauche avance: «La réaction d'Israël a été totalement disproportionnée, immorale et contraire au droit international.»

L'allemand Daniel Gerlach, expert du Proche-Orient et rédacteur en chef du magazine «Zenith - Zeitschrift für den Orient» propose une solution pour mettre fin au conflit. Il préconise de mettre les pays arabes face à leurs responsabilités en les plaçant comme médiateurs. Mais alors quels sont les détails de son plan de paix?

Critique des États arabes

Dans une interview au micro de la SRF, l'expert du Proche-Orient a regretté le fait que les États arabes se soient jusqu'à présent tenus à l'écart, alors que cela donne lieu à «de la colère à tous les niveaux». «Les États arabes sont les seuls à pouvoir se montrer crédibles vis-à-vis de la population et à bien connaître la situation», a-t-il déclaré. «Ce serait un précédent important qu'ils prennent leurs responsabilités et ne se contentent pas de juste poser des exigences.»

Selon lui, ni les Etats-Unis ni l'Union européenne n'entrent en ligne de compte pour un mandat de médiation, car ils ne sont simplement pas acceptés par les deux parties en conflit. «Il ne faut pas non plus laisser la médiation à l'ONU, l'expérience montre que le cas deviendrait alors l'affaire de tous et que personne ne se sentirait responsable.»

Selon l'expert, il faudrait se nourrir de la colère qui influence la capacité des politiques à réfléchir à la manière réaliste de mettre un terme à la violence. «Au lieu de cela, on se noie dans des débats moraux de fond sur le degré de violence justifié et sur qui a commencé quoi, ou on ferme tout simplement les yeux sur les réalités sanglantes», ajoute Daniel Gerlach.

La paix en cinq étapes

Dans le magazine «Zenith», Daniel Gerlach et l'expert en droit public Naseef Naeem décrivent comment ils envisagent les premières étapes vers la fin de la guerre.

  1. Israël accepte les médiateurs et se déclare prêt à un cessez-le-feu de plusieurs semaines, qui sera mis à profit pour des négociations politiques.

  2. Les pays arabes qui se sont déjà distingués par leur engagement dans le conflit au Proche-Orient mettent sur pied une force militaire et policière arabe multinationale permanente. Le commandement de cette force est confié à une personnalité arabe intègre et digne de confiance. Parmi ces Etats figurent l'Egypte, la Jordanie, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Maroc, l'Arabie saoudite et également le Conseil de coopération du Golfe dans son ensemble.

  3. Parallèlement, une assemblée d'experts, de familles respectées et respectables de la bande de Gaza sera convoquée pour désigner le chef d'une administration civile provisoire. En contrepartie, Israël garantit un moratoire immédiat sur la construction et l'extension des colonies en Cisjordanie ainsi que sur toutes les expropriations de biens palestiniens à Jérusalem.

  4. Israël assure que la bande de Gaza pourra être approvisionnée via l'Egypte, la Méditerranée ou même par les airs et garantit l'accès à l'électricité et à l'eau potable.

  5. Les puissances participantes à l'accord – y compris Israël – contribuent à un fonds qui sera utilisé pour l'aide humanitaire, les soins de santé et la mise en place de structures administratives vitales.

Et ensuite?

Même avec ce plan, de nombreuses questions importantes restent en suspens. Que se passera-t-il ensuite? Quid des otages israéliens? Les auteurs laisseraient la question des otages aux puissances impliquées qui sont les mieux placées pour connaître l'état des pourparlers.

Il est encore trop tôt pour planifier l'avenir, estime Daniel Gerlach. La priorité est de stabiliser immédiatement la situation. «Pour la première étape, il ne faut à l'heure actuelle discuter ni d'un futur trop lointain, ni du passé.»

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