La motion, qui n'est pas contraignante mais a une haute valeur symbolique, a été proposée par les conservateurs, favoris des sondages en vue du scrutin du 23 février – et soutenue par l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), sans qui le texte n'aurait pu être adopté. Il a recueilli 348 votes positifs, 345 contre et 10 abstentions. La motion demande notamment que l'Allemagne refoule à la frontière tous les étrangers non munis de documents d'entrée en règle, y compris les demandeurs d'asile.
Elle a été déposée après une agression au couteau imputée à un Afghan en situation irrégulière, qui a fait deux morts dont un enfant, et ébranlé l'opinion allemande. En associant en toute connaissance de cause leurs voix à l'extrême droite de l'AfD sur ce texte, les conservateurs CDU/CSU, le parti de l'ancienne chancelière Angela Merkel, ont brisé un tabou national: depuis la Deuxième guerre mondiale, les partis modérés traditionnels ont toujours exclu jusqu'ici une coopération avec l'extrême droite au niveau fédéral, maintenant ce qu'ils qualifient de «cordon sanitaire».
Le résultat du vote a été accueilli par une salve d'applaudissements à la chambre des députés dans les rangs des élus d'extrême droite. «C'est un moment historique», a lancé l'un de ses dirigeants, Bernd Baumann, «une nouvelle ère s'ouvre ici et maintenant» en Allemagne.