Le parti allemand d'extrême-droite Alternative für Deutschland (AFD) a pu profiter la semaine dernière d'un don record de 1,5 million d'euros, suivi quelques jours plus tard par 999'900 euros de dons supplémentaires. S'il est clair que derrière le premier don se cache l'entrepreneur anti-migrants Winfried Stöcker, l'identité du deuxième donateur reste un mystère.
En Allemagne, les partis sont tenus par la loi de rendre publique l'identité de leurs donateurs pour les dons supérieurs à 35'000 euros, l'administration fédérale a révélé vendredi le nom du deuxième donateur. Comme plusieurs médias allemands l'ont rapporté de manière concordante, il s'agirait d'un certain Horst Jan Winter.
Simple citoyen ou riche homme d'affaires?
Horst Jan Winter serait domicilié à Blankenhain, dans l'Etat de Thuringe. La chaîne MDR Fernsehen s'est rendue dans cette localité de 6600 habitants, mais personne n'y a jamais entendu parler d'un quelconque Monsieur Winter.
A l'adresse indiquée, on trouve certes une boîte aux lettres sur laquelle est inscrit «H. Winter», mais les voisins directs ont assuré qu'aucun homme nommé de la sorte habitait dans ce quartier, lequel ne donnait pas particulièrement l'impression d'être fréquenté par des millionnaires. Le maire de la petite ville a également indiqué ne pas connaître un homme dénommé Horst Jan Winter.
Comme le rapporte le «Spiegel», l'adresse de Blankenhain serait la résidence secondaire d'un homme d'affaires d'Iéna, en Thuringe toujours. Horst Jan Winter y siégerait au conseil de surveillance d'une entreprise appelée Böttcher AG. Celle-ci propose des articles de bureau, de l'électronique et des outils et a annoncé il y a quelques jours un chiffre d'affaires record de 900 millions d'euros pour l'exercice 2024.
L'apologie d'Alice Weidel
Sur les réseaux sociaux, le propriétaire de l'entreprise, Udo Böttcher, partage des vidéos et des images qui montrent une forte proximité avec les contenus de l'AfD. Il a ainsi appelé Alice Weidel, cheffe de la formation d'extrême-droite, «ma chancelière» et a souligné qu'une personne comme elle était «le rêve de l'Allemagne». Il a également eu des mots élogieux pour Herbert Kickl, chef du parti d'extrême droite autrichien FPÖ.
On ne sait pas encore s'il existe un lien entre l'entreprise et le don de Horst Jan Winter. Martina Renner, une députée de gauche au Bundestag, exige désormais un examen du don. S'il s'agit d'un soi-disant don d'homme de paille, c'est-à-dire si le véritable donateur a été dissimulé, l'AfD pourrait être menacé d'une amende trois fois supérieure au montant du don. Affaire à suivre.
