Un travail à mener «ensemble»
Meloni veut endiguer la crise migratoire en Italie avec l'aide de la Tunisie

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a plaidé mercredi pour une «nouvelle approche» à l'égard de l'Afrique, notamment sur le dossier migratoire, lors d'une visite en Tunisie, l'un des principaux points de départ de migrants clandestins vers l'Europe.
Publié: 17.04.2024 à 17:31 heures
Giorgia Meloni veut endiguer la crise migratoire en Italie avec l'aide de la Tunisie. La présidente du Conseil des ministres d'Italie effectuait sa quatrième visite dans le pays en moins d'un an.

Meloni veut endiguer la crise migratoire en Italie avec l'aide de la Tunisie. La présidente du Conseil des ministres d'Italie, qui effectuait sa quatrième visite dans le pays en moins d'un an, a remercié le président Kais Saied «pour le travail que nous menons ensemble dans la lutte contre les trafiquants d'êtres humains», dans une déclaration vidéo diffusée par ses services après leur entrevue dans la matinée au Palais de Carthage.

Convenant avec Kais Saied que «la Tunisie ne peut pas être un pays d'arrivée pour les migrants» du reste de l'Afrique, elle s'est engagée à «impliquer les organisations internationales pour travailler sur les rapatriements» vers les pays d'origine.

La lutte contre l'immigration clandestine «nécessite du développement pour les pays africains, des investissements. L'Italie cherche à faire avancer cette nouvelle approche» au niveau européen, a-t-elle argué.

Le déplacement de Giorgia Meloni en Tunisie survient à deux mois d'élections européennes où le dossier migratoire fait déjà l'objet de débats houleux.

«La Tunisie ne peut pas accepter une situation d'illégalité sur son territoire»

Dans un communiqué de la présidence, Kais Saied a martelé une nouvelle fois son refus que la Tunisie – principal point de départ avec la Libye pour les traversées clandestines de la Méditerranée centrale – devienne «un pays de transit ou d'installation» des migrants d'autres pays d'Afrique. «En tant que pays basé sur la loi, la Tunisie ne peut pas accepter une situation d'illégalité sur son territoire», a-t-il ajouté.

Pour Rome, «il reste fondamental que les autorités tunisiennes poursuivent leur action de lutte contre le trafic et la traite d'êtres humains et pour contenir les départs illégaux» de migrants, a fait savoir l'entourage de la Première ministre.

Selon des statistiques officielles italiennes, les arrivées clandestines de migrants en provenance de Tunisie, qui diminuaient depuis l'automne et jusqu'en début d'année, ont connu un rebond entre mi-mars et mi-avril avec 5587 migrants (+337,52% sur un mois).

L'accord UE-Tunisie, vivement critiqué

Sous l'impulsion de la cheffe de gouvernement, l'Union européenne a conclu un accord avec Tunis prévoyant des aides financières en contrepartie d'efforts accrus pour réduire les départs de migrants.

Mais le mémorandum signé à la mi-juillet a suscité de vives critiques: le Parlement européen a voté mi-mars une résolution pour contester les conditions du décaissement par Bruxelles de 150 millions d'euros d'appui budgétaire à Tunis en dénonçant «une détérioration de l'Etat de droit en Tunisie». L'UE a aussi commencé à verser 105 millions d'aide pour lutter contre l'immigration irrégulière.

Plusieurs ONG internationales ont dénoncé une «régression croissante des droits» en Tunisie depuis le coup de force de Kais Saied à l'été 2021 par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, pointant du doigt des arrestations d'opposants, de syndicalistes et de journalistes.

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