L’ambiance est tendue près des pompes: les prix de l’essence et du diesel explosent, les automobilistes sont à fleur de peau. La faute aux fournisseurs de carburant qui augmentent les tarifs dans toute la Suisse.
Carina Pinto, 38 ans, est excédée par la hausse des prix: «Je pense que les prix sont beaucoup trop chers.» Cette habitante du canton de Zurich ne peut pas se passer de sa voiture: «En tant que femme de ménage je dois me déplacer entre les domiciles de mes clients dans la journée et je transporte tout mon matériel avec moi. Impossible de passer aux transports publics dans ces conditions», explique-t-elle.
La semaine dernière, Shell a de nouveau augmenté les prix de son carburant de 3 centimes par litre. Une augmentation similaire avait été enregistrée chez BP en octobre. Dans certaines stations-service proches de la frontière, il faut payer encore plus cher pour faire le plein.
Le prix du litre de sans-plomb 95 est récemment passé de 1,79 à 1,90 franc suisse. Le prix d’un litre de diesel est de 1,99 franc.
La demande de pétrole brut est énorme
Interrogé par Blick, Roland Bilang, le directeur d’Avenergy Suisse (l’ancienne Union pétrolière), explique cette flambée des prix: «La demande en pétrole brut est énorme. Cela fait grimper les prix à la pompe». Il n’y a pas que la Suisse qui est concernée: le monde entier est dans une situation similaire. «Nous sommes revenus au niveau où nous étions il y a trois ou quatre ans en termes de prix», affirme Roland Bilang.
Dans le cas du fioul domestique, son prix s’est envolé en Suisse: depuis septembre 2020, les consommateurs doivent payer 36% plus cher pour remplir leur cuve à fioul. Car le prix du pétrole brut influence davantage le fioul domestique que l’essence des véhicules à cause de taxes plus importantes.
L’augmentation des prix à la pompe n’est tout de même pas sans conséquence. Selon l’Office fédéral de la statistique les prix à la consommation de l’essence ont augmenté de plus de 20% depuis l’année dernière.
Le directeur d’Avenergy parle notamment d’une augmentation du prix de l’essence de 1,40 à 1,80 franc par litre pour l’année en cours. Cette différence de 40 centimes représente une hausse de pas moins de 20 francs pour faire un plein moyen.
La situation risque-t-elle de s’aggraver? Roland Bilang reste vague: «Le prix du pétrole brut ne devrait pas continuer d’augmenter tant que ça». Selon l’expert, les prix à la pompe resteront probablement élevés pendant l’hiver.
Nos voisins paient encore plus
D’autres pays sont enocre plus mal lotis que la Suisse. Les Français et les Allemands doivent débourser toujours plus pour pouvoir faire le plein: à Paris, un litre d’essence BP coûte actuellement 1,94 euro (2,09 francs), un litre de diesel 1,99 euro (2,15 francs). Le gouvernement français craint d’ailleurs une nouvelle vague de manifestations des «gilets jaunes».
En Allemagne, la crainte que le prix de l’essence n’atteigne les 2 euros par litre pousse même certaines personnes à faire de longs trajets. De l’autre côté de la frontière tchèque par exemple, l’essence y est jusqu’à 44 centimes moins chère. Résultat: «Des files d’attente interminables à la station-service». Certains sont prêts à attendre jusqu’à 40 minutes pour profiter du carburant tchèque bon marché.
Vers une nouvelle variante du tourisme commercial?
Des «touristes du carburant» allemands, mais surtout français, ont déjà été repérés en Suisse. Parmi eux, Mathias Braun, 31 ans. Blick l’a rencontré dans une station-service Coop à Bâle. Un litre de sans-plomb 95 lui coûte 1,71 franc. À Lörrach, en Allemagne, le litre lui aurait coûté l’équivalent de 1,90 franc.
«Je vais souvent à Zurich pour les affaires, alors je fais toujours le plein en Suisse, surtout depuis la taxe CO2.» L’essence en Allemagne y est 8 centimes plus chers au litre. L’année prochaine, une taxe de 8 centimes supplémentaires devrait être appliquée. «Vous risquez de vous retrouver avec des hordes d’Allemands dans vos stations-service», lâche Mathias Braun avant de démarrer en trombe.