Le 24 février, la Russie lançait une invasion de grande envergure sur l’Ukraine. Après plusieurs semaines d’enlisement et une brutalité grandissante, les troupes de Poutine se sont retirées des alentours de Kiev et concentrent désormais leurs forces sur l’est du pays.
Que va-t-il se passer maintenant? La question est sur toutes les lèvres. La Russie n’a en tout cas pas prévu de faire retourner son armée de son côté de la frontière et de violents combats devraient encore avoir lieu.
L’ex-général et stratège militaire australien Mick Ryan a dressé sur Twitter une liste de quatre options qui s’offrent, selon lui, aux forces armées ukrainiennes pour repousser et battre les Russes.
Option 1: Une action purement défensive
«C’est la stratégie la plus simple, explique l’expert. L’Ukraine se contenterait de défendre son espace aérien et pourrait mener des attaques sur les zones de repli russes.» Autrement dit, les forces ukrainiennes n’iraient pas chercher le contact avec l’armée russe, mais talonneraient la ligne de front pour empêcher les Russes d’avancer à nouveau.
Trois fronts s’offrent à l’armée ukrainienne: le sud, l’est et le nord-est. Cette stratégie simple et efficace aurait toutefois un inconvénient: l’Ukraine restant passive, la Russie pourrait réagir ou contre-attaquer et reprendre l’avantage.
Option 2: Défendre au sud et récupérer du terrain à l’est
Dans ce scénario, l’Ukraine s'emploierait activement à repousser l’agresseur. L’armée ukrainienne mènerait des offensives sur des zones réduites à l’est et au nord-est afin de récupérer les territoires pris par les Russes.
Au sud, en revanche, la ligne de front est beaucoup plus longue et l’Ukraine devrait se contenter de la tenir face aux Russes. Si l’armée ukrainienne arrive à reprendre les territoires désirés à l’est, elle pourrait alors décider de déployer le gros de ses forces en direction du sud.
Option 3: Une contre-offensive totale
Une troisième stratégie consiste à mener simultanément des offensives sur les trois fronts afin de reprendre le territoire conquis depuis le 24 février. Mick Ryan considère toutefois cette option comme assez complexe et explique que l’armée ukrainienne aurait besoin «d’une grande quantité d’appui, de logistique et de soutien aérien».
«Les opérations offensives sont beaucoup plus difficiles à planifier, à commander et à maintenir que les opérations défensives», rappelle l’ancien général, fort de sa propre expérience.
Option 4: Quitte ou double
Il s’agit de l’option 2 ou 3, mais avec un plus considérable. Les forces armées ukrainiennes ne chercheraient pas seulement à obtenir un retrait de l’armée russe depuis leur avancée du 24 février, mais de les repousser complètement de tous les acquis depuis 2014, soit le Donbass et… la Crimée.
Mick Ryan considère toutefois ce scénario risqué comme improbable: «Il s’agit de l’option la plus complexe et plus difficile, car elle nécessiterait une force militaire très importante.»
Une telle approche entraînerait également des pertes humaines beaucoup plus importantes. De plus, les Ukrainiens devraient se battre activement sur des zones côtières et sur la mer et n’auraient pas la capacité de combattre efficacement la marine russe. L’ancien général explique également que cette solution est compliquée «politiquement parlant».
Les lignes de ravitaillement pourraient poser problème
Même si chacun des scénarios a ses avantages et ses inconvénients, les forces armées ukrainiennes doivent tenir compte d’un facteur important: des lignes de ravitaillement extrêmement longues.
D’autant que les livraisons d’armes en provenance d’Europe arrivent (logiquement) par l’ouest du pays. La distribution du matériel prendra ainsi un temps précieux, ce qui pourrait tourner à l’avantage de la Russie.
«La Russie pourrait déployer son armée de l’air contre les ravitaillements à destination des troupes ukrainiennes. Et les Russes savent mieux que personne à quel point les attaques contre le ravitaillement peuvent porter préjudice à leur plan», explique Ryan.
«Jusqu’à présent, les décisions stratégiques de l’Ukraine ont très bien fonctionné», rappelle Mick Ryan. Les chances d’arriver à repousser les troupes russes sont donc bien réelles. La question est: jusqu’où?
(Adaptation par Alexandre Cudré)