Coups, électrochocs, eau froide sur le visage... Pendant près d'un mois, l'étudiant azerbaïdjanais Hussein Abdullayev a été gardé en captivité en Russie. L'horreur qu'il y a vécu l'aura marqué à vie.
Dans le monde d'avant, le jeune homme étudiait à l'université de Marioupol. Lorsque la guerre a éclaté, il a pris part à la construction d'abris antiaériens. Mais il n'a jamais combattu, explique-t-il dans une interview accordée au journal azerbaïdjanais «Media.az».
À la mi-mars, il décide de quitter la ville avec d'autres habitants. Après avoir passé plusieurs checkpoints, le groupe est arrêté par des soldats russes. «Ils ont vérifié nos documents, et nous ont dit que nous devions nous déshabiller jusqu'aux sous-vêtements». Les soldats auraient ainsi voulu vérifier... les éventuels tatouages présents sur la peau des fugitifs.
Une illustration de cancer sur le bras d'un conducteur a été fatale aux fuyants, sans aucune raison apparente. Les soldats russes les auraient, suite à cette découverte, roués de coups avec la crosse de leurs fusils. Quelque instants plus tard, un camion transportant d'autres soldats est arrivé. «Ils portaient tous des masques noirs. Ils nous ont retourné les mains dans le dos, nous ont menottés et nous ont poussés dans la voiture», se remémore péniblement Hussein.
Torturé comme un soldat
La destination du convoi est gardée secrète. Ce n'est qu'à leur arrivée que les captifs réalisent qu'ils sont dans une prison. Craignant pour sa vie, Hussein précise promptement qu'il n'est pas originaire d'Ukraine, mais d'Azerbaïdjan. «Mais cela n'a pas retenu l'attention des soldats. J'ai tout de même été capturé».
Dans cette prison, il passera 25 jours au total. Le premier jour, un commandant s'approche de lui. «Il avait le drapeau tchétchène sur son uniforme, et ne parlait qu'approximativement le russe. Il affirmait que j'étais un soldat. Sans en avoir aucune preuve. J'ai immédiatement été emmené dans une cellule».
Une heure plus tard, les soldats seraient revenus et l'auraient emmené dans une petite pièce, cette fois. «Il n'y avait là qu'une chaise en fer et un drôle d'appareil». Après l'avoir fait asseoir, les bourreaux l'auraient attaché, avant de le questionner.
«Ils ont essayé de me faire avouer que j'étais soldat. Ils ont même appelé un Azerbaïdjanais, qui leur a confirmé que je n'étais qu'un étudiant. Mais ils étaient toujours convaincus de l'inverse».
«Des prisonniers ont été abattus»
C'est ainsi que l'enfer d'Hussein débute. «Ils ont attaché un appareil à mes orteils et m'ont envoyé des décharges électriques à travers tout le corps. Ils voulaient absolument entendre que j'étais de l'armée ukrainienne. Mais je ne suis qu'un étudiant!»
Les atrocités infligées au jeune homme se sont poursuivies sans relâche. Trois fois par jour, il est amené dans la salle, raconte-t-il. «En général, 10 à 15 personnes étaient battues ou torturées par électrochocs en même temps». La torture par électrochocs aurait duré de 20 à 30 minutes, et les coups environ une heure. «Il arrivait que je m'évanouisse. Les soldats me versaient alors de l'eau froide sur le visage, pour me faire reprendre conscience. Puis, ça recommençait en boucle».
Des prisonniers auraient également été torturés dans d'autres pièces. Les cris de douleur étaient «insupportables», se souvient l'étudiant. «Parfois, j'entendais des gens crier, puis un coup de feu était tiré. Ils tiraient tout simplement sur les gens. Ensuite, pendant quelques secondes, c'était le calme absolu».
Aujourd'hui, Hussein est à l'hôpital
Au 25ème jour de son incarcération, un garde serait venu le chercher pour l'emmener chez le commandant. Celui-ci lui a alors annoncé qu'il serait libéré. «Il m'a donné son numéro de portable et m'a dit de l'appeler en cas de problème». Le jeune homme est sidéré. Les soldats le conduisent alors au poste de contrôle, et le font monter dans une voiture avec une famille ukrainienne.
Peu de temps après, il est à nouveau arrêté. «Après avoir donné aux soldats russes le numéro de ce commandant, ils m'ont directement relâché», raconte Hussein Abdullayev.
Aujourd'hui, l'étudiant se trouve dans un hôpital de la ville ukrainienne de Zaporijia, où il tente de se remettre de l'horreur subie. Sa prochaine étape est déjà claire: «Je vais retourner en Azerbaïdjan, et attendre là-bas. J'espère que l'Ukraine gagnera la guerre. Je pourrai alors retourner à Marioupol et y poursuivre mes études».
(Adaptation par Daniella Gorbunova)