L'Ordre des médecins a rappelé à l'ordre le professeur Didier Raoult et lui a adressé un blâme. L'instance a publié cette sanction, la deuxième en importance après le simple avertissement, sans l'assortir des motivations de cette décision contre l'infectiologue marseillais de 69 ans. Il était reproché au Pr Raoult plusieurs infractions au code de déontologie médicale dans sa promotion de l'hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19, malgré l'absence d'effet prouvé aujourd'hui encore.
«On s'attendait» à cette décision, car «il était difficile de prononcer une interdiction ndlr: (sanction maximale) étant donné que le professeur Raoult n'exerce plus», a expliqué à l'AFP Me Philippe Carlini, avocat de l'Ordre des médecins, qui n'aura les motivations de la chambre qu'en «début de semaine prochaine». Le conseil de l'ordre des Bouches-du-Rhône doit se réunir lundi pour analyser cette sanction.
Il est reproché au professeur d'avoir fait la promotion de l'hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19, «sans données scientifiques établies», ce qui s'apparente à du «charlatanisme», avait affirmé la rapporteure de la chambre disciplinaire lors de l'audience le 5 novembre à Bordeaux.
Le chercheur était aussi accusé d'avoir pris des «risques inconsidérés» en soignant des patients avec ce traitement «non éprouvé par la science», avait-elle ajouté.
Nouveau directeur recherché
En plus de cette procédure, le professeur Raoult est visé, avec l'IHU qu'il a créée en 2011, par plusieurs autres enquêtes sur les conditions dans lesquelles l'institut a conduit ses études autour du Covid-19.
L'IHU et son directeur sont également accusés, dans un article de Mediapart, d'avoir mené «une expérimentation sauvage contre la tuberculose». L'ANSM a annoncé «diligenter une inspection» au sein de l'IHU, l'AP-HM a lancé une enquête, tandis que le parquet de Marseille a demandé une «évaluation» des suites judiciaires à donner.
Enfin, le 4 novembre, c'est le ministre de la Santé Olivier Véran et sa collègue de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, qui ont demandé à l'Inspection générale des affaires sociales et l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche de mener «une mission de contrôle» à l'IHU.
Le Pr Raoult ne devrait rester que quelques mois à la tête de cet institut, qui a enclenché depuis une semaine le processus de sélection d'un nouveau directeur.