Le 20 janvier 2025, Donald Trump est devenu président des Etats-Unis. Nouveau mandat, même combat: le président souhaite transformer les Etats-Unis et changer le monde. Rien que ça. Pour faire valoir ses intérêts, le président américain mise sur des droits de douane punitifs.
Déclenchée contre la Chine lors de son premier mandat et poursuivie par son successeur Joe Biden, la guerre commerciale de Donald Trump s'étend à d'autres pays. Blick vous livre un grand aperçu des pays concernés par ces menaces et ceux dans lesquels des droits de douane punitifs sont déjà en vigueur.
La Chine
Depuis janvier 2018, les Etats-Unis mènent une guerre commerciale contre la Chine. Au cours de son premier mandat, Donald Trump a imposé divers droits de douane sur les produits chinois en réponse aux «pratiques commerciales déloyales» et au «vol de propriété intellectuelle». Au total, plus de 1300 catégories de produits ont été visés, dont des pièces d'avion, des batteries, des téléviseurs et des appareils médicaux. La Chine a réagi en imposant à son tour des droits de douane sur des produits américains tels que l'aluminium, les voitures, le porc et le soja. Joe Biden a maintenu la politique de Trump pendant ses quatre années.
Le conflit continue de s'envenimer. Le 1er février, Donald Trump a augmenté de 10% les droits de douane sur les importations chinoises. En réaction, la Chine a annoncé le 4 février des contre-taxes, dont 15% sur le charbon et le gaz naturel liquéfié et 10% sur le pétrole brut, et les machines agricoles en provenance des Etats-Unis. Elles devraient entrer en vigueur le 10 février.
L'UE
Des droits de douane punitifs contre ses amis américains d'Europe? Trump les a déjà annoncés lors de sa deuxième semaine dans le bureau ovale! «Vais-je imposer des droits de douane à l'Union européenne (UE) ?», a-t-il demandé à la salle. «Vous voulez une réponse honnête ou vous voulez que je vous donne une réponse politique? Dans tous les cas, l'Union européenne nous traite de manière horrible. Ils ne prennent pas nos voitures, ils ne prennent pas nos produits agricoles, en fait, ils ne prennent presque rien.» Donald Trump confrontera l'UE à de nouveaux droits de douane si elle ne compense pas son déficit commercial par l'achat de grandes quantités de pétrole et de gaz américains. Le président avait déjà demandé à l'UE d'acheter davantage d'énergie américaine afin d'éviter ces droits supplémentaires.
On entend dire à Bruxelles que des contre-mesures aux droits de douane américains sont en préparation. Mais quand feront-elles leur apparition? Ce n'est pas clair. Si Donald Trump a confirmé le 2 février à Washington que des nouvelles mesures seraient bien imposées à l'UE, un violent conflit commercial avait déjà opposé les deux puissances, lors de son premier mandat.
En 2018, le républicain avait introduit des droits de douane spéciaux sur les importations d'acier et d'aluminium. L'UE avait réagi, en imposant des droits de douane spéciaux sur des produits américains comme le whisky bourbon, les motos Harley-Davidson et les jeans.
La Suisse
Jusqu'à présent, Donald Trump n'a pas encore menacé directement la Suisse. Pour le moment, les droits de douane punitifs contre notre pays ou contre l'Association européenne de libre-échange (AELE) – dont la Suisse fait partie – ne semblent pas être d'actualité. Mais indirectement, les droits de douane touchent aussi la Suisse et ses entreprises. «Si l'économie américaine était affectée, cela aurait aussi des conséquences pour la Suisse», déclare à Blick le directeur de Swissmem, Stefan Brupbacher.
Les entreprises locales ont des filiales dans les pays de l'UE, au Mexique, au Canada, etc. Des groupes comme Nestlé, Novartis et Roche ou les grands fabricants de montres sont fortement dépendants du marché américain, car il manque encore un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. A ne pas oublier non plus: la Suisse a un excédent commercial d'environ 34 milliards de francs avec les Etats-Unis et cela ne devrait pas plaire à Trump.
Le Canada
Le président américain voulait imposer des droits de douane punitifs d'un montant de 25% sur les produits canadiens à partir du 4 février. Cette annonce a provoqué une tempête de protestations le premier week-end de février, et a brièvement fait chuter les bourses début février. Furieux, le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'est adressé à la nation le 2 février et a annoncé à son tour des droits de douane contre les Etats-Unis.
Le 3 février, quelques heures avant l'entrée en vigueur des droits de douane punitifs, un accord de dernière minute a été trouvé: les nouveaux droits de douane seraient reportés de 30 jours. Le Canada s'est déclaré prêt à faire des concessions en matière de sécurité des frontières. «Le Canada met en œuvre notre plan frontalier de 1,3 milliard de dollars (l'équivalent d'environ 820 millions de francs suisses). La frontière sera renforcée avec de nouveaux hélicoptères, de la technologie et du personnel. La coordination avec nos partenaires américains sera améliorée et les ressources seront augmentées afin de stopper le flux de fentanyl», a déclaré Trudeau.
Près de 10'000 personnes ont été et seront mobilisées pour sécuriser la frontière. D'autres mesures seront prises pour lutter contre la criminalité transfrontalière. Justin Trudeau tente apparemment d'apaiser Trump avec une proposition qui n'est pas tout à fait nouvelle. Ottawa avait en effet déjà présenté le plan de 900 millions de dollars canadiens pour la sécurité des frontières, après l'élection de Trump. Selon les médias canadiens, il s'agissait d'une concession au nouveau président américain.
Mexique
Trump voulait également imposer des droits de douane punitifs de 25% sur les produits en provenance du Mexique à compter du 4 février. Là aussi, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a d'abord annoncé des contre-mesures. Et là aussi, un accord provisoire a été trouvé le 3 février, quelques heures avant la date limite. Les droits de douane punitifs réciproques seraient reportés de 30 jours, en échange de quoi le Mexique enverrait 10'000 soldats aux postes-frontière américains.
Colombie
Fin janvier, Donald Trump avait annoncé des sanctions sévères contre la Colombie, car le pays refusait d'accueillir les migrants expulsés depuis les Etats-Unis. Trump voulait ainsi faire chanter la Colombie avec un litige douanier. Concrètement, il s'agissait de droits de douane à l'importation de 25%. Après une semaine, les droits de douane devaient ensuite passer à 50%. Il n'était pas clair au départ si cela était techniquement possible, la Colombie et les Etats-Unis ayant un accord de libre-échange en vigueur. Historiquement, la Colombie est l'un des plus proches alliés des Etats-Unis en Amérique latine.
La pression exercée sur le gouvernement colombien a porté ses fruits. Selon les informations de la Maison-Blanche, la Colombie a accepté d'accueillir les ressortissants expulsés à bord d'avions militaires américains, à la suite de quoi les Etats-Unis ont levé les sanctions annoncées contre le pays. Le gouvernement colombien a accepté «toutes les conditions» de Donald Trump.
le Danemark
Le président américain veut acheter le Groenland au Danemark et ce n'est plus un mystère. Mi-janvier, il a menacé le gouvernement danois de droits de douane punitifs.
Panama
Donald Trump veut récupérer le canal, qui appartient actuellement au Panama. Trump a également menacé mi-janvier d'introduire des droits de douane punitifs contre le pays.