L'image a fait le tour du monde: des dizaines de volontaires, de médecins et de secouristes cherchent désespérément des survivants dans les décombres. Lundi, la Russie a tiré des dizaines de missiles sur Kiev. Au moins 24 personnes ont été tuées dans les frappes. Une roquette a touché l'hôpital pour enfants Ochmatdyt. Deux infirmiers ont été tués et sept autres personnes, dont des enfants, ont été blessées.
L'hôpital de dix étages, le plus grand établissement médical pour enfants d'Ukraine, accueillait 627 patients au moment de l'attaque, selon le ministre de la Santé du pays. «Le bâtiment dans lequel nous faisions des dialyses pour les enfants souffrant d'insuffisance rénale ou d'intoxication aiguë est complètement détruit», a déclaré aux journalistes le directeur général de l'hôpital Volodymyr Shownir, estimant le total des dégâts à 2,5 millions de dollars.
Sur les attaques en Ukraine
Une tache de sang révélatrice met fin aux théories
L'attaque contre l'hôpital pour enfants a suscité l'horreur dans le monde entier. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que l'attaque «directe et délibérée» contre l'hôpital pourrait être ajoutée «à la liste des crimes de guerre» pour lesquels la Russie devra répondre de ses actes. Le nouveau ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy a également demandé que les responsables de la guerre «illégale» du président russe Vladimir Poutine soient tenus de rendre des comptes.
Mais aussi brutale et terrible que soit l'image de l'attaque de l'hôpital pour enfants, elle illustre l'horreur de la guerre: pour certains théoriciens du complot, des doutes planent sur sa véracité. Ils pensent qu'il n'y a jamais eu de telle attaque. Ni de missile russe. Tout cela aurait été mis en scène pour montrer au monde à quel point la Russie est impitoyable.
Deux théories ressortent: l'une affirme que l'image a été créée à l'aide d'une intelligence artificielle. L'autre prétend que les personnes sur la photo sont des acteurs. Tout cela ne serait qu'une pièce de théâtre. Un homme en tenue d'opération blanche avec une grosse tache de sang fait mouche. Pourquoi a-t-il une grosse tache de sang dans le dos? La réponse des critiques: l'«acteur» aurait fait une erreur et aurait mis sa chemise à l'envers. En effet, son pantalon est d'un blanc immaculé… mais pas sa chemise. Comment est-ce possible?
«J'ai dû passer par-dessus la table»
L'homme en question est le chirurgien pédiatrique Oleh Holubchenko. Sa spécialité: la chirurgie maxillo-faciale. En particulier la correction des fentes palatines. Lorsque le missile a frappé l'hôpital, il était en pleine opération. Il soignait un bébé souffrant d'un défaut congénital au visage. Bien que les sirènes de l'alerte à la bombe se fassent entendre, lui et son équipe ont continué l'intervention. «Nous ne pouvions pas nous arrêter à mi-chemin», explique le médecin à l'agence de presse AP.
Mais alors d'où vient le sang sur son dos? Il ne se souvient pas exactement de ce qui s'est passé lorsque la fusée a frappé. Il est revenu à lui à deux ou trois mètres de la table d'opération, après avoir perdu connaissance. «J'ai dû passer par-dessus la table», raconte l'intéressé. Son collègue chirurgien Ihor Kolodka raconte: «La plupart d'entre nous ont été touchés par des éclats de verre. J'ai été touché au visage. Mon collègue Oleh Holubchenko par derrière, parce qu'il était assis dos à la fenêtre.»
Une preuve du missile russe trouvée
Un coup d'œil sur son passé montre qu'Oleh Holubchenko n'est pas un acteur: c'est un vrai médecin. L'Ukrainien est actif depuis longtemps sur Instagram et donne un aperçu de son travail de chirurgien – bien avant la guerre en Ukraine. D'autres photos prises après l'attaque de l'hôpital montrent le médecin se précipiter désespérément à travers les décombres pour aider là où il le peut. En outre, les images montrent à quel point l'hôpital a été détruit. Ce n'est pas un décor, mais un véritable champ de ruines.
La Russie a jusqu'à présent démenti être à l'origine de l'attaque. Le Kremlin a affirmé que l'hôpital avait été touché par des débris de missiles antiaériens ukrainiens, ce qui peut être prouvé par des images. Le service de renseignement intérieur ukrainien SBU a en revanche déclaré que des «preuves pertinentes, notamment des fragments de la partie arrière d'un missile Ch-101», y compris un numéro de série, avaient été trouvées sur place. Ce type missiles est de fabrication russe.
L'ONU condamne l'attaque comme «odieuse»
Les Nations unies soupçonnent également la Russie d'être à l'origine de cette attaque. Il est «très probable» que la clinique ait été «directement» touchée par un missile russe, a déclaré la chef de la mission d'observation des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine, Danielle Bell. Il s'agit de «l'une des attaques les plus monstrueuses» depuis le début de la guerre d'agression russe en février 2022.
Auparavant, le commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Volker Türk avait déjà condamné l'attaque contre l'hôpital pédiatrique, la qualifiant d'«abominable». «Les enfants les plus malades d'Ukraine se trouvaient parmi les victimes», a-t-il encore déploré.